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ELLE ET LUI, de Leo Mac Carey



Avec Cary Grant, Deborah Kerr

 

Titre original : An Affair To Remember

Long-métrage américain . Genre : Romance

Durée : 01h55min Année de production : 1957

 

Synopsis : Un playboy d’origine italienne et une ravissante chanteuse de cabaret tombent éperdument amoureux au cours d’une traversée sur un paquebot. Mais il est fiancé et elle doit se marier à un riche Texan. Pour mettre à l'épreuve leur amour soudain, ils décident de se séparer et se donnent rendez-vous six mois plus tard au sommet de l'Empire State Building...

 

 L’analyse de Jacques Lourcelles, dans son Dictionnaire du Cinéma, Editions Robert Laffont, coll Bouquins :

 

« Dans les vingt dernières années de sa carrière,  Mc Carey ne réalise que sept films, ce qui assez peu à cette époque pour un cinéaste hollywoodien de son envergure. Son esprit autocritique hyper-développé, sa volonté de ne jamais filmer pour ne rien dire, et surtout son désir d’approfondir et de synthétiser dans chacun de ses films un aspect privilégié de son message expliquent ce relatif laconisme. Après six ans de silence, McCarey consacre un film entier à parler des sentiments. Il le fait dans une œuvre que l’on peut désigner comme un mélodrame, mais dotée de certaines caractéristiques très particulières. Par exemple, les deux héros (Nickie Ferrante et Terry McKay), ava,t de devenir des personnages de mélodrame, appartiennent de toute évidence au domaine de la comédie américaine. C’est pour mieux cerner son propos et en augmenter la densité que Mc Carey recourt ici à une certaine intemporalité (le film est un remake de son Love Affair de 1939), qu’il évite, sauf dans les séquences très brèves et très aiguës consacrées à la télévision, tout élément de satire sociale, domaine où pourtant il excelle, et qu’il donne enfin une grande autonomie à ses personnages. Non seulement ils n’appartiennent pas au domaine du mélodrame a priori, mais ils sont décrits avec une richesse de notations psychologiques que le genre exclut le plus souvent.

Le sujet réel du film, c'est l'importance et l'influence des sentiments sur le destin des personnages et sur la découverte qu'ils font d'eux-mêmes. A cet égard la scène capitale du film, quoique apparemment en marge de l'action, est celle de la visite à la grand-mère. Là, la triple convergence du sentiment amoureux (né sur le bateau), du sentiment religieux (discrètement abordé dans la scène de la chapelle), du sentiment familial (description du lien unissant Nickie à sa grand-mère) scelle l'union des deux héros et leur ouvre définitivement les yeux sur eux-mêmes. Cette scène, l'une des plus belles de l'œuvre de McCarey, contient aussi le thème de l'ermitage, paradis limité dans l'espace et protégé du monde, image de ce paradis intérieur que les personnages découvriront peu à peu à travers les sentiments qui les unissent à autrui et à l'univers. On notera que l'aspect mélodramatique, dans le sens le plus épuré du terme, naît pour l'essentiel des relations entre les personnages et que McCarey n'utilise la péripétie de l'accident matériel que très tard dans l'intrigue, comme obstacle, comme révélation et comme confirmation ultime apportée à l'évolution intérieure des personnages. L’élégance et la finesse de l’interprétation, la discrète efficacité des gags (dont la géométrie, très harmonieusement intégrée au nouveau format du Cinémascope, est un héritage du burlesque ; cf le jeu des regards des quatre personnages à leur arrivée dans le port de New York), la subtilité de la modulation par laquelle des éléments de comédie classique virent au mélodrame, témoignent du génie de McCarey, alors au sommet de son art.

 

NB : Le cas d’un metteur en scène signant un remake d’un de ses propres films est loin d’être unique dans le cinéma hollywoodien (cf DeMille et ses trois Squaw Man, Hitchcock et ses deux Homme qui en savait trop, etc). Ce qu’il y a de particulier ici, c’est que la continuité de An Affait to Remember est quasiment identique, scène après scène, à celle de Love Affair. C’est sur le seul plan formel que surgissent les différences. Au ton monocorde, ouaté, sobre et effacé de Love Affair succèdent ici des heurts beaucoup plus violents nés du contraste entre l’irruption des détails comiques et la montée irrésistible des sentiments dans le cœur des personnages. L’harmonie qui s’installe dans An Affair to Remember est une harmonie paradoxale puisqu’elle réussit à intégrer des paroxysmes comiques et dramatiques extraordinaires, seulement contenus à l’état de germe dans Love Affair. »

Badlands, de Terrence Malick, en présence de Michel Ciment (28 septembre 2010)

Badlands, de Terence Malick au ciné-club de l'ENS, en présence de Michel Ciment
Premier coup d’éclat  « Tranchant et opaque, Badlands reste l’un des premiers films les plus fulgurants de ces deux dernières décennies et l’un des rares qui ne doive rien à un genre, qui s’inspire plus d’une culture que du cinéma antérieur, l’un des plus contrôlés dans son écriture, son cadre, sa photographie, sa bande sonore : la musique, mais aussi les voix, les sons, les accents, le mixage [1] . »
Dans la droite ligné de Citizen Kane (1941), Le Point de non-retour (Point Blank, 1967), ou Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child, 1970), Badlands (La Ballade sauvage, 1974), le premier long-métrage du cinéaste américain Terrence Malick, fait partie de ces quelques premiers films qui semblent sortis de nulle part tant ils sont maîtrisés, inventifs et originaux. D’ailleurs, tout comme Orson Welles, Jerry Schatzberg ou John Boorman, les auteurs respectifs des trois films cités plus haut, Malick partage un parcours qui ne le prédestinait pas au cinéma. On sait que Welles était acteur et metteur en scène de théâtre, puis homme de radio ; quant à Schatzberg et Boorman, le premier était photographe de mode et le second réalisait des documentaires pour la télévision anglaise. Malick, lui, fils d’un dirigeant de compagnie pétrolière qui grandit au Texas et en Oklahoma, a étudié à Magdalen College à Oxford en tant que boursier (sans finir son cursus). 

Parallèlement à cela, dans sa jeunesse, il a travaillé en été en tant que saisonnier dans des champs au Canada et aux Etats-Unis, ainsi que comme ouvrier, mais aussi comme journaliste pour les prestigieuses revues Life, Newsweek et The New Yorker. Il a suivi des cours de philosophie à Harvard, avant de devenir lui-même professeur au MIT, époque à la quelle il se lie d’amitié avec le philosophe américain Stanley Cavell. Mais au bout d’un an, il quitta son poste, laissant en plan sa thèse sur « le concept d’horizon chez Husserl et Heidegger » et suivit une formation en cinéma à l’American Film Institute. Après avoir dirigé un court-métrage dans lequel il jouait également, il se fit une réputation dans la réécriture de scénarios[2], puis réalisa La Ballade Sauvage, avec une équipe réduite, non syndiquée et un budget de 300 000 dollars plus que dérisoire. Le tournage fut compliqué, faillit s’arrêter par manque d’argent ; Malick remplaça lui-même un acteur absent le temps d’une courte scène [3] .

Dead man, de Jim Jarmush

Dead man, de Jim Jarmush
Réalisation et scénario : Jim Jarmusch
Interprétation : Johnny Depp (William Blake), Gary Farmer (Nobody), John Hurt (John Scholfield), Robert Mitchum (Mr. John Dickinson), Mili Avital (Thel Russell), Gabriel Byrne (Charles Dickinson), Lance Henriksen (Cole Wilson), Michael Wincott (Conway Twill), Iggy Pop (Sally Jenko)
Photo : Robby Müller
Musique : Neil Young


« You were a poet and a painter. And now, you are a killer of white men. »

Quelque part aux Etats-Unis et quelque part au XIXème siècle, William Blake est un jeune homme comme il faut qui se rend à l’autre bout du pays pour rejoindre son poste de comptable dans la ville de Machine. Il y découvre un monde de violence, mélange de ville industrielle et de zone de non droit, bien loin de l’image traditionnelle de la ville de l’Ouest. Mais son poste est en réalité déjà occupé, et Dickinson, patron de l’usine et de la ville (et dernière incarnation de Robert Mitchum), le renvoie en le menaçant de son fusil. Au saloon, Blake rencontre alors Thel (en référence au poème de William Blake The book of Thel), une ancienne prostituée avec qui il passe la nuit, mais que revendique le fils de Dickinson, qui fait irruption dans la chambre. Dickinson vise Blake, Thel s’interpose. La balle tue Thel et blesse Blake, qui tue Dickinson et s’enfuie à bord d’un cheval volé. C'est le début d’un second voyage. Blake blessé rencontre Nobody, Indien jadis enlevé aux siens et élevé en Europe, féru de la poésie de l’autre William Blake : pour lui, pas de doute, Blake est une réincarnation du poète homonyme. Il est donc un homme déjà mort, comme le prouve la balle qu’il porte près du cœur et qui le condamne à moyen terme. Mais « dead man » est aussi un reflet de « killer » et Nobody prédit à Blake qu’il écrira désormais ses poèmes avec du sang, celui des marshalls et des chasseurs de primes qu’a embauchés Dickinson et qui forment à ses trousses une galerie cocasse et terrifiante. Nobody se donne pour mission de ramener Blake « au niveau supérieur du monde, là d’où vient William Blake », « de l’autre côté du miroir ».

Du miroir à l’écran

Comme le fait remarquer Jonathan Rosenbaum (Chicago reader, 28 juin 1996), cette image du miroir se retrouve dans la structure du film « qui commence par un voyage en train de Blake vers une colonie blanche et se termine sur le canoë qui l’emporte loin du village Kwakiutl. L’aperçu de diverses activités durant sa traversée de Machine (un cercueil qu’on vient de terminer, un cheval en train d’uriner, une scène de fellation) trouve son contrepoint dans la traversée du village indien. De même, nous voyons presque toujours chaque paysage deux fois, d’abord avec Blake et Nobody, puis avec leurs poursuivants. Le fait de regarder la même chose de différentes manières, qui est au principe de la plupart des films précédents de Jarmusch, possède un effet rythmique et lyrique comparable à la répétition des images et des rimes dans un poèmes. La construction d’intrigue n’a jamais été le point fort de Jarmusch (il ne donne aucune explication à l’évasion dans Down by law [1986] et n’explicite pas la manière dont les chasseurs de primes suivent les traces de Blake). Musicalement et poétiquement, il est toujours plus proche d’une ballade que d’une nouvelle ou d’un roman. »

L'univers musical

Dead man est aussi un film où la musique est omniprésente. Les thèmes de Neil Young, improvisés à la guitare à même le film, sont pour beaucoup dans le sentiment de solitude qui pèse autour de l’avancée des personnages. Le film fourmille par ailleurs d’allusions et de clins d’œil : le personnage de Benmont Tench doit son nom au claviériste du groupe « Tom Petty and the Heartbreakers », Big George Drakoulias renvoie à un producteur d’American recording, Lee Hazlewood est le nom d’un chanteur de country, Xebeche, le nom donné par moquerie par les autres Indiens à Nobody (« He who talks loud, saying nothing ») fait référence à la chanson de James Brown Talkin' Loud and Sayin' Nothing

Blake and white
Dans une interview, Jim Jarmusch s’expliquait du choix du noir et blanc : « Dead man a été conçu dès le début comme un film en noir et blanc. La première raison de ce choix est qu’il s’agit de l’histoire d’un homme qui entreprend un voyage qui l’emporte loin de tout ce qui est familier. La couleur, notamment dans les paysages, est liée pour nous aux choses familères, avec leur valeur tonale, ce qui aurait appauvrit un élément central du film.
De plus, parce que Dead man se passe au XIXème siècle, l’absence d’informations (que fournit la couleur) est une manière de gagner en distance historique, en neutralisant là encore une certaine familiarité avec des objets et des lieux spécifiques.
Une autre raison est que depuis la fin des années 50 et le début des années 60, les westerns ne cessent de réutiliser la même vieille palette de couleur. Qu’il s’agisse d’un film de Sergio Leone ou de Clint Eastwood, ou même d’un épisode de Bonanza, les couleurs me semblent toujours être les mêmes. Si ces couleurs ont un effet sur l’inconscient du public, je préfèrerais que le noir et blanc de Dead man rappelle l’atmosphère des films américains des années 40 et du début des années 50, ou même des films historiques de Kurosawa ou de Mizoguchi, que la palette trop familière de westerns plus récents. Enfin, je voulais travailler de nouveau en noir et blanc avec Robby Muller. Comme toujours, Robby a fait un travail extraordinaire avec la photo de Dead man, et a travaillé le négatif de manière à inclure tous les gris possibles tout en conservant des noirs et des blancs très forts, presque comme si la couleur n’avait pas encore été inventée. »

« Stupid white man »

Dead man commence comme un roman de Kafka, avec un individu sans attache, destiné à une profession bureaucratique, confronté à une situation absurde. Cet homme qui semble vivant, et qui est en réalité déjà mort n’est pas non plus sans rappeler certains héros de Will Eisner (Invisible people). Pourtant, c'est bien du western que le film est le plus proche. Mais un western profondément revisité et dépouillé de ses valeurs traditionnels, tout comme Jim Jarmusch a subverti le genre du film de gangster dans Ghost dog (1999). En effet, on est loin de l’analogie entre chevauchée vers l’Ouest et renaissance, conquête civilisatrice d’une terre et frontière de la civilisation sans cesse repoussée. Dans Dead man, le voyage est synonyme de mort, la société des hommes blancs apparaît comme un cauchemar burlesque sorti d’un tableau de Jérôme Bosch.
Le rapport entre homme blanc et Indien ne peut donc que s’inverser : l’autre, ici, c'est le « stupid white man ». En guise d’inside joke, Jim Jarmusch a donc inclut des dialogues en langue makah volontairement non sous-titrés.
L’Indien est aussi celui qui sait se rendre compte de tout ce qu’implique le fait de s’appeler William Blake, jusque là passé inaperçu. Inversant le stéréotype, c'est ici l’homme blanc qui est poète sans le savoir, tandis que la réflexivité et la prise de conscience appartiennent au « primitif ».

Jim Jarmusch
Jim Jarmusch est né en 1953 dans l’Ohio. Après un séjour à Paris, où il fréquente la cinémathèque française, il s’inscrit à New York University. Son film de fin d’étude (Permanent vacation, 1980) et son premier long-métrage (Stranger than paradise, 1983), qui est présenté à la Quinzaine des réalisateurs et gagne la Caméra d’or, font de lui la nouvelle coqueluche du cinéma indépendant. Il travaillera en noir et blanc et en couleur, avec une prédilection pour le recueil de sketchs (Night on earth, 1990, et Coffee and cigarettes, dont le tournage s’étale sur une vingtaine d’années jusqu’en 2003). On retrouve de films en films ses acteurs fétiches, souvent également musiciens (Bill Murray, Roberto Benigni, Isaach de Bankolé, John Lurie, Tom Waits, et des apparitions de RZA et d’Iggy Pop).     



Marc Douguet

Film de l'année: la Palme du Ciné-Club est finalement décernée à "Ma Nuit chez Maud"...Bel hommage à Éric Rohmer!



Vous pouvez votez dès maintenant pour votre coup de coeur de l'année, le film qui vous a marqué, celui auquel vous voudriez que les autres ressemblent, et ainsi désigner le "prix du public".
Pourquoi ? ça nous aide pour mieux vous connaître et penser notre prochaine programmation, et puis c'est l'occasion de repenser à tous ces bon moments.
Le sondage est dans la colonne de gauche, et il est ouvert jusqu'au 20 Juin.
A bientôt !

Crimes et délits, de Woody Allen

En presque conclusion de cette magnifique année cinéphile, il apparaissait comme presque indispensable de passer un film de Woody Allen. Peut-être le réalisateur qui revient le plus souvent lorsqu'on demande aux réalisateurs européens leurs influences (avec son maître Bergman bien sûr), Woody Allen a marqué et continue de marquer le cinéma de ces 40 dernières années. Surtout, c'est un réalisateur qui a constament évolué au cours de sa carrière et touché à tous les genres (bien que son très grand nombre de film provoque parfois l'impression contraire), passant du comique de télévision à un cinéma autobiographique, inventif et burlesque, puis se rapprochant des comédies de moeurs (et de métaphysique) typiquement bergmanienne (transposées dans le New-York des années 80), avant d'entamer un nouveau virage stylistique dans les années 2000.

S'il fallait choisir 5 films parmi ceux du grand Woody, Crimes et délits en ferait sans doute partie.

Subtile et implacable réflexion sur la part de monstruosité et d'amoralité qui sommeille en chacun de nous, le film fait se croiser deux personnages : un ophtalmologue juif réputé, établi, a une liaison encombrante qui peut tout remettre en cause ; un documentariste idéaliste, honnête, tourmenté, qui semble voué au rôle de perdant, se voit proposer une grosse somme d'argent pour filmer un profil flatteur d'une star pompeuse de la télévision. Galerie de personnages qui donne libre cours à un des castings les plus réussis que l'on ait vu chez Allen : Mia Farrow, Anjelica Huston, Woody Allen, Alan Alda, Martin Landau, tous dans un de leurs meilleurs roles.

Absolument à voir en contrepoint de Match Point, qui en est une sorte de variation.
La bande-annonce (en anglais) donne bien le ton du film.

Venez nombreux!

Liberté-Oléron, de Bruno Podalydès, en présence du réalisateur

Liberté-Oléron, au ciné-club de l'ENS UlmLe ciné-club a la joie de recevoir le réalisateur Bruno PODALYDÈS à l'occasion de la projection de son film "Liberté Oléron":

La projection aura lieu à 20h30 en Salle Dussane et sera suivie d'une discussion avec notre invité.

Venez nombreux !

Le ciné-club, nautique et estival avant l'heure

Avec bien sur la petite bande-annonce







Impressions cannoises - édition 2010





Epuisés mais heureux, épatés et enflammés par les films vus, toute l'équipe du ciné-club revient de Cannes. Avec 13 membres présents au total durant le festival, nous fûmes probablement l'une des plus grosses délégations (mieux que les inrocks et Telerama!!)

Des dizaines de films vus, certains magnifiques, des déceptions, des découvertes, voici le bilan de nos envoyés spéciaux.

Soleil trompeur, de Nikita Mikhalkov


Avant Soleil Trompeur 2 (ou plutôt après, puisque ce film sera projeté en compétition à Cannes samedi 22 mai) découvrez le chef d'oeuvre de Nikita Mikhalkov, le réalisateur russe actuel le plus connu (et le plus puissant). Le film évoque l'URSS des années 30, celle du stalinisme triomphant, des purges et des famines.

Le Colonel Serguei Kotov (joué par Nikita Mikhalkov lui-même), héros de la révolution bolchévique, passe un jour de congé dans sa datcha en compagnie de sa jeune femme, Maroussia (jouée à l'écran par Ingeborga Dapkunaite), leur fille Nadia (jouée par la fille de Mikhalkov, Nadejda) et de nombreux membres de sa famille et amis. Tout est calme, insouciant et joyeux...
Grand prix à Cannes, oscar du film étranger, vous pouvez voir la bande-annonce pour être définitivement conquis !

Et l'occasion de vous dire que nous serons à Cannes la semaine prochaine (certains y sont depuis le premier jour) Nous vous ramènerons quelques impressions et de précieux conseils dans ces lignes.

Rencontre avec Alexandre Desplat, après la projection de De battre mon coeur s'est arrêté





Voici quelques clichés de la rencontre avec Alexandre Desplat, à l’issue de la projection du film de Jacques Audiard, De battre mon cœur s’est arrêté. Ces photos ont été réalisées par Steve Murez.

Franco-Américain né à Los Angeles, Steve Murez, après de nombreux voyages en France dès son adolescence, s’installe définitivement à Paris en 1972. Formé au cinéma dans les universités de Berkeley et NYU, il s’intéresse aussi au théâtre (en français), à la littérature et bien sûr à la photographie, qu’il pratique, comme le cinéma, depuis sa prime enfance, grâce aux polaroïds et films 8mm.

Raymond Depardon au ciné-club, pour Délits Flagrants

Un réalisateur d'exception invité du ciné-club. Raymond Depardon, documentariste, viendra débattre avec vous à l'occasion de la projection de son film DELITS FLAGRANTS.

Raymond Depardon, Délits Flagrants au ciné-club de l'ENS

Ce film rentre dans un univers habituellement éloigné des caméras, par l'usage et par la loi, l'intimité d'une audition judiciaire. Avec une réalisation très simple (une suite d'entretiens, toujours le même plan (le juge, le prévenu, la greffière reste hors champ)) Depardon filme une série de portraits peu communs et montre la réalité du monde judiciaire.

Tout au long de sa carrière, débutée comme photo-reporter pendant la guerre d'Algérie, Depardon a abordé des sujets extrêmement variés avec toujours un dénominateur commun : la découverte de lieux secrets, de gens et de mondes d'habitude éloignés des caméras, l'entrée dans l'intimité et un regard humaniste et empathique pour tous ses personnages. Ainsi de sa trilogie paysanne (Profils paysans : L'approche, Le quotidien, La vie moderne), de sa série de films sur la justice et les institutions, la presse, l'Afrique...

C'est lui qui fut le premier, en 1974, à suivre une campagne présidentielle dans l'intimité d'un candidat. Son film, Une partie de campagne, n'est sorti qu'en 2002 après le refus de Valéry Giscard D'Estaing de le faire diffuser.

Il a remporté le prix Louis Delluc en 2008, pour La Vie Moderne.

Venez nombreux !

De battre mon coeur s'est arrêté, de Jacques Audiard, en présence d'Alexandre Desplat

Le cinéclub a la joie et l'honneur d'accueillir le compositeur Alexandre DESPLAT à l'occasion de la projection de "De battre mon cœur s'est arrêté" - film pour lequel il avait reçu l'ours d'argent à la Berlinale 2005.

Tout d'abord quelques mots sur le film de Jacques Audiard, sorti en 2004. Il s'agit d'un remake du film Fingers de James Toback. Romain Duris y reprend le rôle créé par Harvey Keitel, celui d'une petite frappe qui fait des coups dans l'immobilier et tente soudainement de se reconvertir comme pianiste (comme sa mère). La relation de Tom à son père, gangster sur le retour, est au centre du film et pose la question de la filiation, la détermination. 


Après Sur mes lèvres et avant Un prophète, le film marque la consécration de Jacques Audiard comme un des plus grands réalisateurs français, adoré du public comme des critiques, capable d'une puissance visuelle et émotionnelle peu courante dans notre cinéma. La bande-annonce du film vous en dira un peu plus, et vous pouvez également y entendre la musique d'Alexandre Desplat, notre invité.


Alexandre Desplat a été consacré en France pour ses partitions de films de Jacques Audiard, mais il est également l'un des compositeurs européens les plus actifs d'Hollywood : il est par exemple l'auteur de la musique de "The Ghost Writer" (Polanski), "L'Etrange histoire de Benjamin Button"" (Fincher), "Fantastic Mr. Fox" (Anderson) ou encore de la saga "Twilight" et du prochain "Harry Potter".

Et, DERNIÈRE NOUVELLE, il sera membre du jury du prochain festival de Cannes !


Milou en mai, mardi au ciné-cub

Bonjour à tous,
une semaine riche en évènements cinématographique s'annonce au ciné-club (et à l'ENS plus généralement), avec mercredi la réception d'Alexandre
Desplat et Mardi 11 celle de Raymond Depardon.
Mais cette semaine commencera tambour battant (les tambours de la révolte) avec la projection mardi soir de Milou en mai, de Louis Malle, starring Michel Piccoli, Miou-Miou, et plein d'autres. Ce film est l'antépénultième de Louis Malle, venant à la fin d'une des carrières les plus diverses et les plus réjouissantes du cinéma français. De la nouvelle vague à Hollywood, de la comédie burlesque (Zazie dans le métro) au film noir (le mythique Ascenseur pour l'échafaud) en passant par le documentaire et le film historique, il a balayé tous les genres et tous les univers avec un talent et une réussite constants: palme d'Or et oscar du meilleur documentaire avec Jacques-Yves Cousteau en 1954 pour le Monde du Silence, prix Louis Delluc en 1957 pour Ascenceur pour l'Echafaud puis en 1987 pour Au revoir les enfants, Lion d'Or en 1980 pour Atlantic City puis en 1987.

A travers une histoire de succession dans une maison de campagne, Milou en mai évoque le vent de liberté provoqué par Mai 68.
Une vieille dame s'éteint dans une grande demeure du Sud-Ouest. Son fils, Milou, qui a soixante ans et qui s'occupe de la propriété, convoque pour l'enterrement son frère Georges et sa belle-soeur Lily, sa nièce Claire, sa propre fille, Camille et le reste de la famille. Mais nous sommes en mai 1968. Depuis deux semaines Paris est a feu et a sang...
Le film est très beau, vous pouvez voir un extrait ici.
Venez nombreux!

De nombreux évènements au programme d'ici juin

Bonjour à tous,
voici le programme du ciné-club pour les mois restants, avec quelques changements par rapport au précédent, mais surtout de formidables surprises, avec la réception d'Alexandre Desplat le 05 mai, celle de Raymond Depardon le 11 mai, puis de Bruno Podalydès le 1er juin. Ces trois-là, avec Desplechin que nous avons reçu en Décembre représentent une bonne partie de ce que le cinéma français a produit de meilleur ces dix dernières années, et ce sera un immense plaisir de les rencontrer avec vous!
A noter aussi la participation du ciné-club au Festival Nouveaux Cinémas, qui se tiendra du 10 au 20 Juin dans toute l'Ile-de-France.
Bref de nombreux évènements à ne manquer sous aucun prétexte!

27 AVRIL 2010 – 20h30
RIO BRAVO – H.Hawks (1959) – 141’
Un shérif arrête le frère de l'homme le plus puissant de la région. Il n'a pour alliés qu'un adjoint ivrogne, un vieillard boiteux, un gamin, une joueuse de pocker et un hôtelier mexicain, et contre lui une armée de tueurs.

4 MAI 2010 – 20h30
MILOU EN MAI – L.Malle (1989) – 108’
Une vieille dame s’éteint dans une grande demeure du Sud-Ouest. Son fils, Milou, qui a soixante ans et qui s'occupe de la propriété, convoque pour l'enterrement son frère Georges et sa belle-sœur Lily, sa nièce Claire, sa propre fille, Camille et le reste de la famille. Mais nous sommes en mai 1968. Depuis deux semaines Paris est à feu et à sang...

5 MAI 2010 - 20h
en présence d'Alexandre Desplat
DE BATTRE MON COEUR S'EST ARRETE - J.Audiard (2004) - 107'
A 28 ans, Tom semble marcher sur les traces de son père dans l'immobilier véreux. Mais une rencontre fortuite le pousse à croire qu'il pourrait être le pianiste concertiste de talent qu'il rêvait de devenir, à l'image de sa mère.
Sans cesser ses activités, il tente de préparer une audition.
Nous recevrons à cette occasion le compositeur Alexandre Desplat, Ours d'Argent à Berlin pour la musique de ce film.

11 MAI 2010 – 20h30
En présence de Raymond Depardon
SPÉCIAL DEPARDON
DÉLITS FLAGRANTS – R.Depardon (1994) – 105’
L'itinéraire procédural des personnes arrêtées en flagrant délit par la police de leur arrivée au dépôt jusqu'à l'entretien avec l'avocat.
Suivi d’un autre film de Raymond Depardon (à déterminer)

25 MAI 2010 – 20h30
SOLEIL TROMPEUR – N.Mikhalkov (1993) – 153’
A travers l'histoire de Dimitri et de Maroussia, hommage aux victimes et à tous ceux qui ont été brûlés par le soleil trompeur de la révolution.

1er JUIN 2010 – 20h30
En présence de Bruno Podalydès
LIBERTÉ-OLÉRON – B.Podalydès (2000) – 107’
Jacques, 38 ans, part en vacances à l'Ile d'Oléron avec ses quatre enfants. Lassé des jeux de plage, il a cassé sa tirelire pour s'acheter un voilier, version dériveur lesté, baptisé "Liberté-Oléron", avec lequel il a décidé de rallier l'île d'Aix, distante de cinq kilomètres. Bien qu'incompétent en voile, Jacques déclare à sa famille qu'il est le seul maître à bord.

8 JUIN 2010 – 20h30
CRIMES ET DÉLITS – W.Allen (1989) – 104’
Deux personnages contrastés : un ophtalmologue juif réputé, établi, a une liaison encombrante qui peut tout remettre en cause ; un documentariste idéaliste, honnête, tourmenté, qui semble voué au rôle de perdant, se voit proposer une grosse somme d'argent pour filmer un profil flatteur d'une star pompeuse de la télévision. Chacun va devoir prendre une décision irrévocable ...

15 JUIN 2010 - 20h
FESTIVAL DES NOUVEAUX CINEMAS - séance de courts-métrages

17 JUIN 2010 – 20h30
RESPIRO – E.Crialese (1989) – 90’
Lampedusa est une île perdue au sud de la Sicile, belle et aride, avec sa mer d'un bleu parfait, sa communauté de pêcheurs, ses bandes d'enfants bagarreurs, ses familles solidaires mais jalouses. La vie y est immuable : aussi rassurante qu'étouffante, aussi charmante que cruelle.

Rio Bravo, de Howard Hawks

Du grand, du lourd, du classique au programme du ciné-club mardi, avec Rio Bravo, du grand Howard Hawks, avec l'immense John Wayne dans le rôle principal. Un des plus grands westerns jamais tournés à Hollywood, peut-être aussi un des plus classiques, à l'histoire des plus simples.

Un shérif arrête le frère de l'homme le plus puissant de la région. Il n'a pour alliés qu'un adjoint ivrogne, un vieillard boiteux, un gamin, une joueuse de pocker et un hôtelier mexicain, et contre lui une armée de tueurs.
Le film, réduit à un espace confiné (une petite ville, quelques jours, une intrigue simple), se résume à cet affrontement, celui de la loi contre la loi du plus fort, du bien contre le mal. Mais Howard Hawks, bien aidé par ses interprètes (John Wayne, Dean Martin en adjoint alcoolique, Walter Brennan en vieillard, Ricky Nelson le Kid...), insuffle un amour et une foi immense en ces personnages et en leur combat. Au contraire des westerns de grands espaces, Hawks utilise l'immobilité de l'action pour soigner ses personnages, les anecdotes, nous faire partager leur univers. Il casse le mythe du cow-boy solitaire et invincible en montrant une équipe de bras cassés, mais soudée et déterminée.
Un grand film, dont vous pouvez voir le début ici, une présentation , et de nombreuses critiques (attention, pleines de spoilers) ici et ici par exemple.
A mardi!

Duel, de Steven Spielberg, au ciné-club

Bonjour à tous,
Peut-être LE réalisateur le plus emblématique du Hollywood moderne, mardi prochain au ciné-club. De ce téléfilm sorti en salle racontant la folle poursuite d'un automobiliste par un camion à La Liste de Schindler, en passant par Les dents de la mer, E.T., Indiana Jones ou Il faut sauver le soldat Ryan, l'oeuvre de Spielberg est des plus variée et balaye tous les thèmes, tous les genres, en dessinant en creux une image de l'Amérique. Son premier film est un coup de poing formel, un film plein de tension et de suspens, reposant sur une mise en scène originale. Un succès immédiat a la télé comme au cinéma, qui a tout de suite révélé son réalisateur et lui a ouvert les portes d'Hollywood.

Un voyageur de commerce quitte sa maison et prend la route. Roulant paisiblement dans sa petite voiture rouge, il est rapidement gêné par un imposant camion-citerne. Ce dernier s'amuse à l'empêcher de le doubler. Puis le semi-remorque entame une sorte de jeu où il laisse passer la voiture avant de la doubler à nouveau, jusqu'à la piéger dangereusement en faisant signe à son conducteur de le doubler alors qu'une voiture apparaît sur la voie opposée. A partir de ce moment, s'engage une lutte à mort entre les deux véhicules.
Voyez ici la bande-annonce bien flippante... et quelques critiques , et .
Un film immanquable!
A mardi

Ginger et Fred

Bonjour à tous,
Un grand, peut-être le plus grand des réalisateurs italiens, au programme du ciné-club ce Jeudi : Fellini, avec un des ses derniers films, Ginger et Fred.
Ginger et Fred, deux anciens danseurs de claquettes qui formaient un duo célèbre dans les années 1940, remontent sur scène au beau milieu des années 1980 dans le cadre d'une rétrospective organisée pour une émission de télévision. Seulement, les temps ont changé et la féerie du spectacle a laissé place à l'éphémère du monde publicitaire.

Avec cette histoire de deux vieilles gloires aux prises avec le show-biz moderne, plus particulièrement la télévision, Fellini met une sorte de point final à son observation des moeurs du showbiz et de la société du spectacle, un thème qui parcourt toute son oeuvre (de La Dolce vità où il est central à Et vogue le navire, en passant par les nuits de Cabiria, sans oublier bien sur le délire de 8 1/2) Un point final pessimiste, où la télévision envahit tout, gâche tout, ou le sacré et l'authentique ont disparu ou sont galvaudé par l'influence du petit écran. Il fait appel pour cela à deux de ses acteurs fétiches, Giuletta Masina et Marcello Mastroianni, ce dernier composant un personnage qui fait écho à celui qu'il avait dans La Dolce vità. Film sur le temps qui passe et détruit tout, film sur le spectacle qui jamais ne s'arrête, presque un film testament.
Vous pouvez voir ici la bande-annonce américaine (avec toute la grandiloquence criarde des années 80!)
Venez nombreux!
A Jeudi

Ne me libérez pas, je m'en charge, de Fabienne Godet, en présence de la réalisatrice

Le ciné-club accueille mardi un évènement exceptionnel avec la venue de l'équipe du film NE ME LIBEREZ PAS JE M'EN CHARGE. Le film, sorti en 2008, raconte l'histoire de Michel Vaujour.

Ancien braqueur fiché au grand banditisme, Michel Vaujour a toujours préféré la fuite à la prison, l'aventure à la soumission, la liberté à la loi. En l'espace de 30 ans, il aura passé 27 ans en prison - dont 17 en cellule d'isolement - et sera parvenu à s'en échapper à cinq reprises avant d'obtenir une libération conditionnelle en 2003. Si cette vie trépidante l'a souvent exposé au pire, elle l'a aussi confronté à un incroyable face-à-face avec lui-même. 

La réalisatrice, Fabienne Godet, ainsi que Michel Vaujour répondront à vos questions après le film. 

La bande annonce du film vous en dira plus. Et n'hésitez pas à lire les nombreuses critiques sur le film (, et par exemple) pour achever de vous convaincre !

Le synopsis de Fleurs d'équinoxe

Un nouveau chef d'oeuvre de Marie :
Fleurs d’Equinoxe (Higanbana), 1958, Yasujirô Ozu
Scénario : Kogô Noda et Yasujirô Ozu d'après le roman de Ton Satomi.
Avec : Shin Saburi (Wataru Hirayama), Kinuyo Tanaka (Kyioko), Ineko Arima (Setsuko), Miyuki Kiwano (Hisako), Chishû Ryû (Shukichi Mikamu), Yoshiko Kuga (Fumiko). 2h00.

Premier film en couleur
Fleurs d’Equinoxe est un film clef dans la filmographie d’Ozu. D’abord, parce qu’il accepte enfin de tourner en couleur, alors qu’il annonçait douze auparavant que « La couleur ça va de temps à autres, mais si vous ne voyez que cela, c’est comme ne manger que du tendon (crevettes ou poissons fris, et riz), au bout d’un moment vous en avez assez » (Ozu adore les métaphores culinaires !). Il utilise même ce nouveau procédé technique admirablement au service de son propre style, puisqu’il s’intéressait déjà auparavant « aux tons et à l’atmosphère », ainsi qu’aux détails (aux coloris) du décor (la théière rouge !). Il inaugure ainsi le cycle de la demi-douzaine de films en couleur qui achèvent en apothéose la carrière d’Ozu et sont communément considérés comme ses chefs d’œuvre (Bonjour, Fin d’automne, Dernier Caprice, le Goût du Saké…).
On observe en outre une évolution au niveau du traitement du sujet. Comme dans ses films précédents (du moins à partir de Printemps tardif, 1949), Ozu traite de la famille japonaise, la critique sans la dénoncer. Mais si dans certains films précédents, il s’intéressait à des jeunes filles plus ou moins en révolte, et se considéraient d’une manière général plus proche des enfants et/ou des jeunes mariés, et ce avec souvent un point de vue quelque peu mélodramatique (comme dans Crépuscule à Tokyo de 1957), ici Ozu se revendique « plus proche des parents » : il choisit de traiter avec simplicité et distanciation les contradictions internes à un père de famille japonais, entre tradition et modernité, entre ouverture d’esprit et autoritarisme.
Carrière d’Ozu

Né en 1903, Ozu découvre le cinéma avec Chaplin, Murnau et surtout, Lubitsch. Il réalise son premier film en 1927 (Sabre de pénitence), sur lequel il collabore pour la première fois avec son scénariste de toujours, Kôgo Noda. Ses premiers films sont fortement marqués par les influences occidentales et le modèle américain (le film noir, le film de gangaster, comédie de mœurs).
Mais au fil des années, son style s’affine et devient de plus en plus nippon. Il adopte la caméra basse à hauteur d’homme (plan tatami), les décors traditionnels, le fondus et les faux raccords, et renoncent aux mouvements d’appareils – dans Gosses de Tokyo (1932) par exemple. Ses thèmes se réduisent également et se concentrent sur la famille, les conflits de générations, la nostalgie, et plus généralement sur tous les éléments de la société japonaise et de la vie quotidienne nippone : l’école, la maison, le bureau.
Yasujirô Ozu meurt en 1963 le jour de ses 60 ans quelques mois après la sortie de son dernier film Le goût du saké. Cinéaste de la famille, Ozu ne se maria peut-être jamais, mais il mena une vie aussi simple que ses personnages.
L’histoire
Wataru Hirayama est cadre supérieur, vieillissant, et père de famille plein de contradictions. Il soutient en apparence les mariages d’amour, se veut « moderne » mais interdit à sa fille Setsuko d’épouser l’homme qu’elle aime, Masahiko Taniguchi (scandalisé que la demande en mariage n’ait pas été faite dans les règles). Mais Setsuko tient tête à son père : « Je ne peux donc pas vivre heureuse ?...Je réussirai à vivre heureuse ! ». Chacun des partis s’entête dans sa position, mais la situation est finalement dénouée d’une part par les conseils des rieurs amis d’Hirayama, et par la ruse d’une chipie amie de Setsuko, Yukiko, deux agents qui désamorcent le potentiel tragique et mélodramatique de la situation, et qui mettent le père de famille devant ses contradictions, l’obligeant à accepter la modernité dans sa propre famille.

On voit donc que ce film traite du sujet favori d’Ozu : la famille japonaise, aux prises – mais sans violence car le cinéma d’Ozu est douceur, coulée, simplicité et délicatesse – avec la modernisation et la mutation de la société, le problème de l’obéissance dûe aux parents…
« Exactement comme un peintre qui s’évertue à dessiner la même rose ».
C’est ainsi que se définit lui-même Ozu en 1962. Il a trouvé son sujet, et le traite et le retraite inlassablement dans tous ses films, il en explore toutes les facettes, sans jamais pour autant faire le même film, chacun constituant une entité délicieuse.
De fait, dans les derniers films d’Ozu, il s’agit presque toujours de mariage, mariage d’amour ou mariage arrangé ? Avec qui se marier ? Se marier ou rester avec ses parents ? Se remarier ou se consacrer à ses enfants ? On a aussi des personnages récurrents, principaux ou secondaires : la jeune fille opposée à son vieux père, mais aussi : la cousine désagréable, le collègue de bureau rigolo, l’employé à la retraite qui noie son chagrin dans le saké… – et leurs noms varient peut-être autant que le célèbre fond de jute du générique !
Et de fait Ozu tournait chaque nouveau film en continuation ou réaction du précédent, comme le montrent les notes de Koga Noda. Et en même temps, il y a toujours une possibilité de surprise, qu’Ozu nous ménage par la construction elliptique de son récit, en particulier via le faux-raccord.
Humour et Ironie
Ozu a toujours un regard ironique et amusé sur l’existence, la société et ses contradictions. Le traitement de ces thèmes potentiellement dramatiques se fait toujours sur le mode de l’humour, et de la distanciation. On a par exemple dans Fleurs d’Equinoxe la scène introductive dans la gare qui permet d’introduire le thème du film (le mariage) avec distanciation et humour. Les dialogues sont souvent drôles : Ozu recourt souvent à des remarques décalées, des affirmations mal interprétées, ou à des situations triangulaire où deux personnes se moquent d’une tierce personne qui ne comprend pas (« toutes des filles je suppose ? » demande-t-on d’un ton moqueur à une mère de famille un peu forte).
L’image-temps
Ozu est l’un des premiers cinéastes que Deleuze analyse dans l’Image-temps. Il considère en effet que, sans qu’il y ait influence ni d’une part ni de l’autre, on peut considérer Ozu comme un cinéaste néo-réaliste dans le sens où il s’attache à rendre des situations optiques et sonores pures.
De fait, en dépit des intrigues qui s’attachent toujours aux temps forts d’une vie, on ne distingue jamais de temps-forts à proprement parler qui s’opposeraient à des temps-faibles dans les films d’Ozu, toutes les situations se succèdent uniformément et passent, y compris les célèbres scènes de larmes (comme ici celles du père après le mariage de sa fille). Pour Ozu, la vie est simple et l'homme ne cesse de la compliquer en "agitant l'eau dormante". En dépit de l’agitation provoquée par le heurt entre l’ordinaire américain et l’ordinaire japonais, les quelques plans fixes sur la splendeur de la Nature (comme ici lors de la journée en famille à la campagne) viennent restituer la quotidienneté, la régularité, l’immuabilité d’une vie un temps bouleversé par un conflit, un mariage, une mort. Les personnages et l’histoire trouvent l’apaisement dans la contemplation de la Nature.
Mais Ozu s’applique également à contempler en plan-fixe les lieux anonymes de Tokyo, déconnectés, autonomes du reste du film, vides de personnages ou de mouvements – ainsi que des intérieurs de maison – ou des objets, des natures mortes (théière, pot de fleurs). « Les espaces d’Ozu sont élevés à l’état d’espaces quelconques, soit par déconnection, soit par vacuité ». Ces plans, ces espaces vides, « atteignent l’absolu comme contemplations pures », nous montrent « un peu de temps à l’état-pur ». Il s’agit de « montrer la forme immuable de ce qui se meut ». On atteint alors « une image-temps directe, qui donne à ce qui change la forme immuable dans laquelle se produit le changement », « la nature morte est le temps, car tout ce qui change est dans le temps, mais le temps ne change pas lui-même » - c’est-à-dire des « images pures et directes du temps ».

Reconnaissance posthume
Le public français ne découvre Ozu qu'en 1978, avec Le Voyage à Tokyo, qui a un retentissement considérable. Ozu devient alors un réalisateur aussi apprécié que Kurosawa ou Mizoguchi. Dans les années 1980, sortent Le Goût du saké, Dernier caprice (1961) ou Herbes flottantes (1959).
Ozu a influencé de nombreux cinéastes d'aujourd'hui comme Wim Wenders, Aki Kaurismaki, Paul Schrader ou Hou Hsiao-hsien.
Marie Pierre
Sources :
Ozu, Donald Richie, éditions Lettre du blanc, 1980
Gilles Deleuze, L’image-Temps, chapitre 1, 2e paragraphe, 1985
Livret de Kiju Yoshida du Coffret arte-video de « Cinq films en couleur d’Ozu »
Ciné-club de Caen

Fleurs d'équinoxe

Bonjour à tous,
après les nombreuses et intéressantes projections de la semaine de la francophonie (la dernière demain soir, Polytechnique du québécois Denis Villeneuve), voici le grand retour du ciné-club. Et pour annoncer un printemps de cinéma à l'ENS, un film lumineux et tout en couleurs, une analyse rigoureuse et émouvante de la société japonaise, Fleurs D'Equinoxe de Yasujiro Ozu. Ce film est d'ailleurs le premier film en couleurs du maître japonais.
Avec Kurosawa et Mizoguchi, Ozu est l'un des trois monstres sacrés qui (bien qu'extrêmement différents) ont fait connaître le cinéma japonais au monde entier. A partir d'histoires extrêmement simples, Ozu consacre ses films à dresser des portraits de personnages représentant leur époque. Avec pudeur et retenue, mais aussi une grande générosité, il nous fait partager leurs vies et leurs émotions. Sa façon de filmer place le spectateur en invité de ces vies, en observateur privilégié.
L'histoire de Fleurs d'Equinoxe est également très simple:
L'homme d'affaires Hirayama se montre fort réticent lorsqu'il apprend que sa fille Setsuko veut épouser un gendre qu'il n'avait pas envisagé. Elle organise le mariage sans son aide et c'est contre sa volonté qu'il y assiste. Le couple part ensuite pour Hiroshima. Poussé par ses amis, Hirayama surmonte ses convictions et va leur rendre visite.
un petit extrait ici
Un film à ne pas rater, pour découvrir ou redécouvrir un des grands maîtres du 7eme art.
A mardi!

Lettre d'une inconnue - le synopsis

Bonjour à tous,
grande nouvelle : la salle dussane est entrée dans le 21ème siècle. On espère que ça sera un nouveau départ pour le cinéma à l'ENS en général et le ciné-club en particulier. Pour bien démarrer, un chef d'oeuvre hollywoodien : Lettre d'une inconnue de Max Ophuls, dont voici le synopsis par Marie:



Vienne, 1900
Nous voilà dès l’abord plongé dans cette atmosphère belle-époque et germanique, nostalgique et romantique, que Max Ophuls aimait tant. C’est la période chérie de Max Ophuls, et on peut dire qu’il la rend à merveille. On la retrouvera après guerre dans la Vienne de La Ronde (1950), merveilleuse fantaisie théâtrale et amoureuse avec Gérard Philippe, Danielle Darrieux, et Simone Signoret, adaptée du dramaturge viennois Schnitzler, puis dans l’enchanteur triptyque adapté de nouvelles de Montpassant, le Plaisir (1952) – avec en particulier l’inoubliable Maison Tellier (avec Danielle Darrieux en prostituée rêveuse, Madeleine Renaud en souteneuse dynamique, et (last but not least !) Jean Gabin en rustre au grand cœur), qui se déroule cette fois-ci dans une belle-époque bien française ! C’est de fait une période qu’il représente dès 1933, dans Liebelei, également adaptée de Schnitzler.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que ce film, son premier film reconnu en France comme en Allemagne, est une adaptation d’une pièce de théâtre – de fait, les liens avec le théâtre, et la réflexion sur l’illusion, seront toujours très prégnants dans le cinéma d’Ophuls, dans le maniement même qu’il a de la caméra (mais nous y reviendrons). En effet, Max Ophuls, bien qu’il soit né Oppenheimer dans une grande famille d’industriels sarrois en 1902, est passé par le théâtre (acteur, critique, metteur en scène), et n’aborde le cinéma qu’avec le parlant.
"Quand vous lirez cette lettre, je serai peut-être déjà morte"
Un pianiste sur le retour reçoit une lettre. La lettre d’une femme inconnue, qui lui révèle l’amour qu’elle lui a porté pendant toute sa vie, depuis sa prime adolescence et jusqu’à sa mort, sans qu’il en sache rien, mise à part quelques rencontres fortuites et passagères, que lui, l’homme à femmes, a presque immédiatement oubliées.
C’est un récit de vie, auquel nous assistons, délicat et tragique. Le récit d’un amour puissant, absolu, et sacrificiel. C’est le portrait d’une femme sublime (incarnée par une non moins sublime Joan Fontaine ! qu’il faut aller absolument revoir dans Rebecca de Hitchcock !), une femme amoureuse – d’un amour sans espoir. Lisa, c’est la gravité, la dévotion. Mais c’est avec non moins d’intensité et de profondeur qu’est dépeinte, à travers à la fois le récit de Lisa, l’œil de la caméra, et la perception de Stefan de sa propre vie, la frivolité du pianiste, sa futilité tragique – puisqu’il néglige à la fois son talent et ses femmes, et vieillit dans une solitude sans mémoire. Toutes les femmes se mélangent dans ses souvenirs, et il ne peut se rappeler celle qui l’a aimé comme personne, celle qui a donné sens, forme et fin à sa vie, sans qu’il le sache, celle qui est capable de raconter sa vie mieux que lui-même, à travers sa propre vie et l’amour immense qu’elle a eu pour lui.
Adaptation hollywoodienne de Zweig ou manifeste ophulsien ?
L’histoire, bien sûr, est adaptée d’une nouvelle de Stefan Zweig publiée en 1927. D’aucuns reprocheront à cette adaptation son manque d’audace. De fait, l’œuvre de Zweig joue beaucoup plus avec la temporalité, le récit n’est pas linéaire, comme dans le film où l’on va de l’enfance à la mort, avec quelques va-et-vient avec le moment où le pianiste lit la lettre. On est donc en présence d’un flash-back des plus classiques, suscité par une lettre (l’écrit à l’origine de l’image…). La nouvelle est peut-être, vue sous cet angle, plus poignante, moins conventionnelle. De fait, Lettre d’une inconnue, a été tournée à Hollywood, en 1948. Ceci explique peut-être sa facture assez classique et peu audacieuse – par opposition à la fantaisie (emprunte également d’un certain classicisme formel) de la Ronde ou du Plaisir, films qu’il tournera à son retour en France en 1950 (avec ensuite Madame de… d’après Louis de Vilmorin, et Lola Montès) et qui feront de lui l’une des grandes références de l’équipe des Cahiers du Cinéma et de la Nouvelle Vague : Lola de Jacques Demy, pour ne citer que lui, est un hommage à Max Ophuls, et en particulier à la Ronde, et à sa série de rencontres et coïncidences, qui relie et enchaîne tous les personnage entre eux.

Mais avant cela, l’avènement du nazisme a en effet forcé Max Ophuls à fuir l’Allemagne en 1933. Après s’être réfugié en France, où il tourne quelques films (Yoshiwara, La Tendre Ennemie, Le Roman de Werther, de Mayerling à Sarajevo), l’armistice de 1940 l’oblige à nouveau à s’exiler : il quitte la France pour les Etats-Unis. Après une longue période d’inactivité, Max Ophuls sort en 1948 Lettre d’une inconnue, sa « Liebelei américaine », avant de réaliser Caught avec James Mason, plus typiquement hollywoodien, mélodramatique, mais également vaguement wellesien.
Et c’est pourtant semble-t-il dans ce contexte hollywoodien qu’Ophuls donne la pleine mesure de son talent. Tout d’abord, il y a aborde un thème qui lui est cher : celui des femmes donc l’amour et la vie ont été brisés par une société insensible, dominée par une étiquette implacable et une apparente bienséance, qu’il avait déjà traité dans Libelei, et qu’il retrouvera dans Lola Montes (1955), sa dernière œuvre, film flamboyant avec une magnifique Martine Carol, mais bide commercial, ainsi que dans Madame de… (1953) avec une lumineuse Danielle Darrieux en femme du monde amoureuse, et un splendide Vittorio de Sica en galant italien, mais aussi dans la troisième partie du Plaisir (Le Modèle), où il est également question d’une femme (et de deux vies) brisées par une déception amoureuse.
Dans ce film, donc, Max Ophuls parvient déjà à déployer la virtuosité technique qui lui sera caractéristique dans ces derniers films français. Comme l’écrit Jacques Lourcelles dans son Dictionnaire du Cinéma : « La caméra ophulsienne se promène dans les couloirs des maisons, remonte les escaliers, longe les quais des gares, passe d'un personnage à l'autre avec autant de virtuosité que de naturel. C'est le triomphe de ce baroque fluide qui capte et communique au public les émotions les plus intimes des personnages à partir de leurs évolutions et de leurs déplacements dans l'espace. » La caméra d’Ophuls est toute en mouvement, en souplesse. Elle cherche à capter le mouvement, car elle cherche à capter la vie, car, comme le dira Lola dans Lola Montès, « la vie, pour moi, c’est le mouvement ». Que l’on pense à la ronde des amours changeants de la Ronde. Que l’on pense également à l’admirable plan-séquence en traveling à travers la fête endiablée du Masque qui ouvre le Plaisir. Mais la mobilité de la caméra, c’est aussi une façon de démasquer l’illusion cinématographique, de montrer que le cadre n’est qu’un regard parmi d’autre. C’est ce que mettra en évidence un autre traveling, celui qui vient présenter la Maison Tellier de l’extérieur, depuis les fenêtres, et vient illustrer visuellement le concept de « Maison Close », car jamais la caméra, regard extérieur, ne pénètrera dans les murs de cette fascinante demeure.

Mais surtout, son usage mobile de la caméra, du traveling, mais également sa façon de cadrer puis de monter, vient admirablement nous montrer à l’écran le passage du temps. Et a fortiori dans un film où l’on va et vient entre présent de la lecture et passé raconté dans la lettre ! Par exemple, dans un des derniers plans du film, Max Ophuls cadre la porte d’entrée de l’immeuble, et, avant même que le pianiste ne se souvienne réellement de la petite adolescente qui lui tenait la porte une quinzaine d’années plus tôt, le spectateur a la mémoire visuelle de cet instant : le plan est le même, le cadre est le même qu’au début du film. Ainsi, avec une simplicité virtuose, Max Ophuls parvient à faire voir simultanément à l’écran deux temps différents, c’est-à-dire à rendre d’une part le phénomène de la mémoire involontaire, et d’autre part à montre le temps dans l’image – et montrer le temps qui a passé en une seule image, n’est-ce pas une façon en même temps de dépeindre dans cette même image, deux vies qui ont passé, l’illusion de la frivolité de l’un et de l’amour de l’autre, deux vies écoulées qui n’en font qu’une, aussi belles et vaines l’une que l’autre.
Mon dernier exemple sera emprunté à Jacques Lourcelles, et je lui laisserai le mot de la fin : « Voir le superbe fondu entre le plan de Lisa s'éloignant de dos hors de la gare (où elle vient de quitter Stefan) et celui de la religieuse s'avançant face à la caméra vers le lit d'où Lisa a accouché. Par une telle liaison enter deux séquences, à la fois simple, bouleversante et inattendue Ophuls révèle comme tout grand metteur en scène sa nature de démiurge, son aptitude à être, dans son récit le maître du temps aussi bien que des émotions du spectateur. »
Marie Pierre

Lettre d'une inconnue

Bonjour à tous,
C'est dans une salle Dussane du dernier cri (enfin on espère!) que se déroulera la prochaine séance de votre ciné-club préféré, Lettre d'une inconnue, de Max Ophuls. Le film est probablement le plus reconnu et remarquable que ce cinéaste d'origine allemande réalisa aux Etats-unis (à l'image de Douglas Sirk ou encore Fritz Lang, il a fui l'Allemagne nazie), avant une fin de carrière en France marquée par de nombreux chefs-d'oeuvre admirés de la nouvelle-vague (La Ronde, Le Plaisir, Madame de... et Lola Montès, ressorti en 2008). Son fils Marcel fut d'ailleurs un des plus grands documentaristes français.
Adapté (avec des libertés) d'une nouvelle de Stefan Zweig (dont la trajectoire, parallèle à celle de Max Ophuls prit fin 6 ans avant la sortie du film), le film raconte, à travers une lettre reçue par un célèbre pianiste vieillissant, l'amour qu'une jeune femme inconnue lui porta secrètement. Elle évoque les rares étreintes que ce volage amant voulut bien lui accorder...
Michel Ciment qui devait venir présenter le film ne sera malheureusement pas là, mais venez nombreux pour ce grand classique!
A mardi (prochain)

Monnaie de singe

Bonjour à tous,
mardi c'est Marx Brothers au ciné-club! Le quatuor (puis trio) fantasque, révélé au théâtre, tourne en 1931 avec Monnaie de Singe son premier film original pour le cinéma (après deux transpositions de ses pièces à succès) et signe un des monuments du burlesque.
Groucho, Chico, Harpo et Zeppo voyagent clandestinement sur un bateau. Découverts par le capitaine, ils sont pourchassés mais parviennent à se cacher. Briggs, un bandit, trouve Groucho dans la cabine de sa fiancée et décide de l'engager au lieu de le tuer tandis que Chico et Harpo sont embauchés par Helton, son rival...
Vous pouvez voir un extrait du film ici ainsi qu'une présentation plus complète.
A mardi!
Adrien

Séance consacrée à Eric Rohmer



Bonjour à tous,
nous n'avions pas prévu en septembre, lors de la programmation que Ma Nuit chez Maud (projeté Mardi) serait l'occasion de rendre hommage à l'un des grands réalisateurs français, tout récemment décédé, Eric Rohmer. On espère toujours d'un tel réalisateur qu'il nous livre, à l'infini, de nouvelles oeuvres à découvrir, savourer, discuter. Peu d'auteurs d'ailleurs donnent comme Rohmer envie de discuter à l'infini, d'analyser les choix et idées de ses personnages, de se mettre à leur place et de parler comme eux. L'amour des histoires, l'amour des mots, voilà qui unit Rohmer à son public, voilà ce que nous voulons partager avec l'hommage que nous lui rendons.
Les deux films choisis font partie de deux périodes très différentes de l'oeuvre de Rohmer et du cinéma français, et pourtant vous pourrez voir à quel point ils sont semblables et uniques dans leur ton, leur liberté, leurs thèmes, lumineux d'intelligence.
Ma Nuit chez Maud, sorti en 1973 : Un jeune ingénieur, récemment revenu de l'étranger, remarque à la messe une jeune femme blonde et décide qu'elle sera sa femme. Il retrouve par hasard Vidal, un ancien ami communiste, qui l'invite à un dîner le soir de noël chez une amie divorcée, Maud. La soirée se passe en longues discussions sur le mariage, la morale, la religion, Pascal, à trois, puis à deux, mariant également sincérité et séduction... Critikat, comme souvent, publie une excellente analyse du film. Et bien sur la bande-annonce du film...
Conte d'Ete, sorti en 1996 : Gaspard, rennais, arrive en vacances dans la petite station balnéaire de Dinard, il attend sa copine, Lena, qui n’arrive pas. Il croise la serveuse étudiante en ethnologie Margot, qui veut une relation d’amitié, et Solène qui cherche une aventure, mais demande un grand respect. Gaspard hésite sur fond de chemins du bocage et du bord de mer, et de chansons de marins... La bande-annonce du film.
Tout cela sera précédé par un court-métrage, Hallali, d'Alexandre Bies, pour une grande soirée de cinéma, avec une petite collation entre les deux films de Rohmer pour se rafraîchir.
A mardi!