Bande-annonce du film.
En plein cycle sur la représentations des femmes au cinéma, il nous semblait intéressant de montrer à quoi pouvait ressembler un film au casting entièrement féminim tourné en 1939 et de nous interroger sur l'évolution des représentations des femmes depuis. C'est également, malgré tout, l'occasion de découvrir un grand cinéaste de la période classique hollywoodienne.
Durée : 132 minutes.
Noir et Blanc.
Pays : Etats-Unis.
Année : 1939.
Avec : Norma Shearer, Joan Crawford, Mary Boland .
Rapide synopsis : Mary est mariée à Stephen Haines, un homme d'affaires new-yorkais. Fidèle à son époux et mère d'une fillette, elle est entourée d'"amies", dont Sylvia Fowler, la comtesse DeLave, et Miriam Aarons, qui savent quelque chose qu'elle ignore : son mari la trompe avec Crystal Allen, une vendeuse arriviste.
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Et pour résumer :
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour voir et revoir
The Women
de George Cukor
Proposition d'analyse
A star is born
George Cukor (1899-1983) naît à New York. Il fait ses débuts à Broadway dans les années 1920 avant d’exercer divers métiers à Hollywood, pour finir réalisateur avec 56 films à son actif. Il se spécialise dans les films de comédie, dont 4 musicaux (A star is born, Le milliardaire, Les Girls et My Fair Lady, qui lui vaut l’Oscar du Meilleur Réalisateur en 1964. C’est lui qui fait débuter Katharine Hepburn en 1932 dans Héritage ; elle le suivra pour 9 autres de ses films. C’est un grand spécialiste de la comédie du remariage comme son chef-d’œuvre, Indiscrétions (1940), analysé en profondeur par Stanley Cavell dans son livre : À la recherche du bonheur - Hollywood et la comédie du remariage.
It’s raining men !
The Women prend sa source dans la pièce de théâtre de Clara Boothe Luce du même nom, qui se caractérisait par son absence totale d’hommes sur scène. Le film reprend ce principe avec un casting intégralement féminin, comptant non moins de 130 silhouettes (c’est-à-dire des figurantes ayant au moins une phrase de dialogue). Cette contrainte a été scrupuleusement appliquée jusque dans les moindres détails : on ne voit jamais un seul homme, ne serait-ce qu’en portrait, à l’exception d’une publicité au dos d’un magazine que Peggy lit chez Mary. L’absence masculine s’arrête là : The Women est vraisemblablement le film qui échoue le plus au test de Bechdel évoqué la semaine dernière. Le test, créé en 1985 et destiné à évaluer le sexisme au cinéma, consiste à se demander si, dans un film donné, deux femmes parlent entre elles d’autre chose que d’un homme. Sans même parler du film dans son intégralité, peu de scènes du film passeraient même le test, tant il y est question d’hommes ! Comme l’indique le sous-titre de l’affiche : « It’s all about men ! » … Le film est par conséquent une évocation des hommes via un discours féminin, lui-même à replacer dans le contexte d’un discours masculin, celui de Cukor.