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En Construccion de Jose Luis Guerin (mardi 4 février 2014, 20h30)


Bande-annonce du film.

Des immeubles du Barrio Chino de Barcelone tombent un à un. Ses habitants sont amenés à vivre dans un "non-temps", suspendus entre un passé mythique, lequel ressurgit contre toute attente, et un futur vague et assurément terne. C'est dans cette "vie dans le creux" le réalisateur espagnol José Luis Guerin s'immisce et nous embarque. Son documentaire "qui n'en est pas tout à fait un" explore avec une minutie vivante et vivifiante les récits des habitants, leurs souvenirs et leurs espoirs, à l'heure où les murs brisés permettent une véritable mise à nu. Nicolas Thévenin, co-créateur de la revue Répliques, qui consacrait son deuxième numéro à José Luis Guerin (notamment), animera une discussion à l'issue du film.


Durée : 125 minutes.
Couleur.
Pays : Espagne.
Année : 2008.
Avec : Juana Rodríguez Molina, Iván Guzmán Jiménez, Juan López.

Rapide synopsis : Dans un quartier populaire de la ville de Barcelone, au cours de travaux de réhabilitation, il est construit un immeuble de résidence. La caméra s'attache à comprendre et connaître au travers de cette construction immobilière les habitants de ce quartier : les jeunes qui jouent au football, un vieux marin, un commis de travaux, un couple de jeunes à la dérive. Ce film nous montre comment la mutation du paysage urbain implique une modification du paysage humain d'un quartier.

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Et pour résumer :

Rendez-vous le mardi 4 février 2014, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm

pour voir et revoir
En Construccion
de Jose Luis Guerin

Proposition d'analyse


Quartier / Habitants = Ré (novation + miniscences)


« J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources. »

Georges Pérec, L’espace (suite et fin)


S’en remettre à Georges Pérec pour entrer dans En construcción, ce n’est pas jeter un pavé dans la mare, cela revient tout au plus à enlever une brique du quartier Chino de Barcelone où José Luis Guerin a tourné. La démarche de José Luis Guerin apparaît comme celle inverse (au sens ‘mathématique’, « 1/x », et non d’opposition) de La Vie mode d’emploi (1978) de Georges Pérec. En effet, si le réalisateur tâche de « construire » un espace où parole et mémoire sont solidaires, à travers un goût prononcé pour l’exhaustivité et la recherche formelle, le mariage entre hyper documentation et éclosion de fiction, le rapport au « décor » les distingue. Dans En construcción, les appartements n’apparaissent pas en coupe pour des motivations esthétiques : c’est l’état de fait, car il semble bien qu’ici, dans le barrio Chino, on détruit plus qu’on ne bâtit. C’est du moins le point de vue adopté par le montage : nous ne verrons finalement qu’un seul appartement rénové, froid et sans âme, à la fin du film, alors même que les murs qui tombent donnent leur rythme au déroulement des journées. La structure du film est animée par cette tension entre disparition et résurgence, « montage et démontage », au sens le plus littéral du terme, puisque José Luis Guerin et son équipe entamaient le processus de postproduction en parallèle du tournage, respectant ainsi le précepte bressonien : « Monte ton film au fur et à mesure que tu tournes. Il se forme des noyaux (de force, de sécurité) auxquels s’accroche tout le reste. »

Les Apprentis de Pierre Salvadori (mardi 28 janvier 2014, 20h30)


Bande-annonce du film.

Pour le premier cycle de la nouvelle année, le ciné-club propose de faire avec vous un état des lieux: "chacun cherche son toit" ou l'occasion d'explorer en trois films l'interaction entre personnages et habitation. Nous vous invitons chaleureusement à notre pendaison de crémaillère le 28/01 à 20h30 avec la projection des APPRENTIS (1995) de Pierre Salvadori, en sa présence. Le film sera suivi d'une discussion avec le réalisateur. C'est donc doublement l'occasion de découvrir les mésaventures d'Antoine (François Cluzet) et Fred (Guillaume Depardieu), colocataires malgré eux dans un appartement qui ne leur appartient pas. Pour tout bagage, ils portent les maux d'un siècle finissant, tentant tant bien que mal de composer avec les petits désagréments de l'existence. LES APPRENTIS est une comédie qui explore la tendresse là où tout ne pourrait être qu'amertume et s'inscrit ainsi, avec une grande sensibilité, dans la lignée des aventures d'Antoine Doinel ! de François Truffaut.


Durée : 95 minutes.
Couleur.
Pays : France.
Année : 1995.
Avec : François Cluzet, Guillaume Depardieu, Judith Henry.

Rapide synopsis : Antoine est un écrivain raté et dépressif. Fred ne fait pas grand-chose de sa vie et semble s'en contenter. Tous deux partagent un appartement et vivent de petites combines foireuses. Les aventures et surtout mésaventures de ces deux copains un brin loosers, leur permettront de s'apercevoir que l'amitié est bien la plus grande des richesses.

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Et pour résumer :

Rendez-vous le mardi 28 janvier 2014, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm

pour voir et revoir
Les Apprentis
de Pierre Salvadori

Proposition d'analyse

Premier film du cycle « Chacun cherche son toit » :
L’appartement qui ne leur appartenait pas

« Habiter un lieu, est-ce se l’approprier ? Qu’est-ce que s’approprier un lieu ? À partir de quand un lieu devient-il vraiment le vôtre ? Est-ce quand on a mis à tremper ses trois paires de chaussettes dans une bassine de matière plastique rose ? Est-ce quand on s’est fait réchauffer des spaghetti au-dessus d’un camping gaz ? Est-ce quand on a utilisé tous les cintres dépareillés de l’armoire-penderie ? »Georges Pérec, Espèces d’espaces

« Heureuse est la maison qui abrite un ami. Il se peut même qu’on la construise, telle une charmille en fête ou une arche joyeuse, pour ne l’accueillir que durant une seule journée. Plus heureux encore est celui qui, sachant la solennité de cette relation, en honore la loi. »Ralph Waldo Emerson

Tout commence par une porte qui ne s’ouvre pas. Antoine (François Cluzet), petit brun sec, index enfoncé sur la sonnette, refuse obstinément cette barrière inerte entre lui et Valérie, la femme qui l’a quitté. Changement de palier, changement de porte, deux ouvertures légèrement décalées : Fred (Guillaume Depardieu), grand dadais blond, silhouette inconnue pour Antoine, joue le majordome de circonstance, puis, une pièce plus loin, un temps plus tard, Benoît, propriétaire endimanché et américanisé, accepte d’offrir l’asile à son ami Antoine, pour « une nuit ou deux », avant de reprendre l’avion. « T’as qu’à prendre la chambre du fond. » Fondus en porte à porte, la voix d’Antoine en off inonde ce petit coin de bois vert ; trois ans se sont écoulés et l’on passe enfin de l’autre côté. « La porte démontre de façon décisive que séparer et relier sont les deux aspects d’un même acte. » écrivait Georg Simmel un siècle plus tôt. La porte nous sépare d’un écoulement tangible du temps mais relie derrière elle deux êtres qui seront bientôt des inséparables, autant dire, de drôles d’oiseaux.

La séquence d’ouverture des Apprentis nous donne le plan du film : à une relation humaine déçue répond une solidarité inattendue, le besoin de se retrouver soi-même se corrèle à l’affranchissement du « chez soi », les petites tragédies de l’existence se donnent à palper sur le ton de l’humour. D’emblée, Les Apprentis s’annonce comme « un film ami qui capte le large spectre du dérisoire humain, du rire aux larmes et retour. » Que la visite commence !

Chronique d'un été de Jean Rouch, Edgar Morin (mardi 21 janvier 2014, 20h30)


Bande-annonce du film.

Êtes-vous heureux ?
Si cette question trouvera pour vous sa réponse après la séance du Ciné-Club, c'est bien parce que vous aurez entendu Jean Rouch et Edgar Morin la poser dans Chronique d'un été.
Au fil de l'été 1960, le cinéaste-anthropologue et le sociologue arpentent Paris et, au gré des rencontres, cherchent à capter l'essence de l' "air du temps". Film incontournable du cinéma-vérité, d'une influence notable sur les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague, il est encore éclatant d'actualité… Et résonne finalement une question et une seule : qu'est-ce qu'être humain ?
Céline Gailleurd et Olivier Bohler, réalisateurs du documentaire Edgar Morin, l'image absorbe le monde (en tournage, Nocturne Productions) seront présents pour une discussion à partir de projection d'extraits à l'issue de la séance.


Durée : 90 minutes.
Noir & Blanc.
Pays : France.
Année : 1961.
Avec : Régis Debray, Marceline Loridan-Ivens, Marilu Parolini.

Rapide synopsis : Paris, été 1960, Edgar Morin et Jean Rouch interviewent des parisiens sur la façon dont ils se débrouillent avec la vie. Première question : êtes-vous heureux ? Les thèmes abordés sont variés : l'amour, le travail, les loisirs, la culture, le racisme etc. Le film est également un questionnement sur le cinéma documentaire : cinéma-vérité et cinéma-mensonge. Quel personnage jouons-nous devant une caméra et dans la vie ?

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Et pour résumer :

Rendez-vous le mardi 21 janvier 2014, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm

pour voir et revoir
Chronique d un été
de Jean Rouch, Edgar Morin

Proposition d'analyse

« Si toute la vie complexe de bien des gens s’écoule inconsciemment, c’est comme si cette vie n’avait pas lieu. » CHKLOVSKI Victor, L’Art comme procédé, Éd. Allia, Paris, 2008.

L'été, d'où vient -il ?

Paris, 1960. Premier été d’une décennie nouvelle. Deux jeunes hommes, -« jeunes » si l’on considère que l’âge se lit dans l’éclat du regard-, partagent leur saison entre un vaste appartement peuplé de bouteilles vides et les rues grouillantes de passants pressés. Ils s’appellent Edgar Morin et Jean Rouch. Alors même qu’ils fréquentent tous deux le CNRS, ils se sont rencontrés au Jury du Festival de Film Ethnographique et Sociologique de Florence un an plus tôt. En 1960, le sociologue Edgar Morin a trente-neuf ans et déjà plusieurs ouvrages à son actif, parmi lesquels Le Cinéma ou l’Homme imaginaire (1956, Éd. de Minuit) et Les Stars (1957, Éd. Le Seuil). Jean Rouch, quarante-trois ans au compteur, a déjà réalisé une quinzaine de courts-métrages en Afrique, dont le plus marquant est sans doute Les Maîtres Fous (1955). La pratique de la transe fait vaciller l’objectif de la caméra et la dernière occurrence de la voix-off questionne autant le statut d’Européen que la place du spectateur . L’expérimentation d’une forme cinématographique en adéquation totale avec les mouvements des hommes qu’il filme est au cœur de ses deux premiers longs-métrages : Moi, un noir (1957), où de jeunes Nigériens s’expriment spontanément en off sur le montage image de leurs pérégrinations dans Treishville, et La Pyramide humaine (1960), où les élèves d’un lycée d’Abidjan (dont Landry et Nadine, que l’on retrouve dans Chronique d’un été) jouent des rôles proches de leur réalité, pour questionner, dans un élan d’authenticité, l’amitié possible entre Français et Africains.

L'Amour est plus froid que la mort de Rainer Werner Fassbinder (mardi 14 janvier 2014, 20h30)


Bande-annonce du film.

À (re)voir : le premier long-métrage de Rainer Werner Fassbinder ! Ce film de gangsters tout à fait atypique contient déjà tous les sujets du grand réalisateur allemand : l’amour, la douleur et les enjeux du pouvoir. Résultat : un mélange étonnant de genres, flottant entre film de gangsters,théâtralité et nouvelle vague à l'allemande.


Durée : 88 minutes.
Noir & Blanc.
Pays : Allemagne.
Année : 1969.
Avec : Rainer Werner Fassbinder, Hanna Schygulla, Ulli Lommel.

Rapide synopsis : Franz, qui a refusé de rejoindre un groupe criminel, est poursuivi par un gangster répondant au nom de Bruno. Bientôt, les deux hommes deviennent amis et se partagent la même femme, Johanna. Mais celle-ci se lasse rapidement de Bruno et le dénonce à la police alors qu'il s'apprête à braquer une banque.

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Et pour résumer :

Rendez-vous le mardi 14 janvier 2014, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm

pour voir et revoir
L'Amour est plus froid que la mort
de Rainer Werner Fassbinder

Proposition d'analyse

Une histoire de gangsters à la recherche d’un peu de bonheur

Le plot du premier long-métrage de Rainer Werner Fassbinder peut faire penser à un film banal de gangsters. Franz, joué par Fassbinder lui-même, arrive de la prison chez sa petite amie Joanna – premier grand rôle de cinéma de Hannah Schygulla – qui travaille comme prostituée et dont il est le maquereau. Dans la ville où les deux vivent, opère le « Syndicat » : une sorte de mafia avec une puissance remarquable qui veut forcer Franz à adhérer à leurs rangs. Comme celui-ci ne se laisse pas convaincre, les chefs du « Syndicat » décident d’envoyer le killer Bruno comme appât. Bruno, joué par un Ulli Lommel prenant des airs alain-deloniens, a la mission de commettre des crimes qu’on imputera ensuite à Franz – et qui, face à la police, devra chercher du soutien auprès du « Syndicat ». Mais avec l’arrivée de Bruno dans la vie de Franz et Joanna se forme un ménage à trois problématique : Franz se sent attiré par le fragile Bruno ; Joanna, par contre, supporte mal la présence de Bruno qui lui semble déranger le couple qu’elle forme avec Franz. Néanmoins, les trois « travaillent » ensemble, – jusqu’à élaborer le plan de braquer une banque…