Bande-annonce du film Shooting Dogs.
Cette semaine, le ciné-club vous emmène au Rwanda, pendant les évènements tragiques de 1994 avec le film Shooting Dogs de Michael Caton-Jones. Rendez-vous en salle Dussane mercredi 7 novembre à 20h30 !
Printemps 1994. En seulement cent jours, un million de Rwandais Tutsi sont massacrés par leurs concitoyens Hutus, et le petit pays africain est transformé en charnier. La barbarie est inimaginable. Mais elle aurait pu être prévenue. L'ONU était là, et regardait. Elle regardait sans bouger.
Au coeur de tout cela, un prêtre et son jeune acolyte seront forcés à jauger l'intensité de leur foi, les limites de leur courage et, enfin, de faire un choix. Rester auprès des leurs ou s'enfuir...
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Et pour résumer :
Rendez-vous le mercredi 7 novembre, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour voir et revoir
Shooting Dogs
de Michael Caton-Jones
Shooting Dogs est un film-témoignage. Fondé sur des événements réels : l'abandon par les troupes internationales et onusiennes de 2000 réfugiés tutsis, rassemblés dans l’Ecole Technique Officielle de Kigali, le film se veut à la fois testimonial et commémoratif. Une manière de toucher du doigt l'horreur d'un drame encore trop peu mis en lumière par les média, et d'aider à la reconstruction de la mémoire collective du Rwanda.
Par de nombreux aspects le film se rapporte au genre documentaire : une intrigue resserrée, la simplicité des plans, de la lumière et des costumes, la retenue, la pudeur même dans le traitement du drame contribuent à l'impression générale de réalisme. Dans Shooting Dogs, pas de grands violons larmoyants, même dans les moments les plus atroces. La tragédie s'accomplit en silence : seul le bruit des machettes fouettant dans l'air et s'abattant à coups réguliers vient en rompre la pesanteur. C'est cette pudeur qui confère au drame, finalement, cette impression d'effroyable banalité.
Le sombre fatalisme de Shooting Dogs ne manque pas de frapper, à la lumière d'un autre film contemporain traitant du même sujet : Hotel Rwanda. Là où Paul Rusesabagina ne cesse de remuer ciel et terre pour sauver les réfugiés tutsis, et où la fin du film offre malgré tout un message d'espoir, dans Shooting Dogs au contraire c'est l'impuissance fondamentale à pouvoir changer le cours des choses qui prévaut. L'accroche du film est éloquente à cet égard : « 1994, 800,000 killed in 100 days. Would you risk your life to make a difference? ». Non, pas un des Européens présents dans l’École ne risquera sa vie pour changer les choses, hormis Christopher, l'homme de foi, et encore son sacrifice, « la plus grande preuve d'amour », n'aura-t-il servi à rien.
L'inertie générale est sensible dans le traitement des scènes: un bon nombre commence de la même manière, par un plan fixe sur un personnage seul, qui attend. Attendre, mais attendre quoi ? Les ordres de l'ONU, le secours des forces internationales, le salut divin peut-être. Retranchés dans l'Ecole Technique, leur refuge, leur prison, et finalement leur traquenard, les personnages se montrent essentiellement dépassés par la situation. Il n'y a pas jusqu'à la lourdeur du scénario, assez répétitif, qui ne rende compte de cette impuissance à pouvoir changer le cours des choses : chacune des sorties de l’École tentées par Christopher ou par Joe se solde par un échec, quel qu'en soit l'objet. Ironie suprême, c'est ceux-là même dont on attendait le salut, les militaires français accueillis en héros, qui entérinent définitivement la situation désespérée, en évacuant uniquement les Européens, et en abandonnant les Rwandais à leur sort.
Non seulement les actes mais aussi les paroles sont frappées d'impuissance dans ce film où les formules creuses et les expressions vides de sens servent d'alibi pour se dédouaner à bon compte.