Bande-annonce du film. Le critique et documentariste Jean-Louis Comolli, ancien directeur des Cahiers du Cinéma, vient nous faire découvrir un film poignant, juste et lumineux : La Vraie Vie (dans les bureaux), 1993. Dans ce documentaire, il nous donne à entendre comme jamais le "monologue du travail contraint" dans toute son émouvante banalité.
Durée : 78 minutes.
Couleur.
Pays : France.
Année : 1993.
Rapide synopsis : D'octobre à décembre 1992, Jean-Louis Comolli a promené sa caméra dans les locaux d'un centre de Sécurité sociale parisien, la Caisse régionale d'assurance maladie d'Ile-de-France. Essentiellement composé d'interviews, que ponctuent de longs travellings dans le dédale des couloirs et des différents services administratifs, ce passionnant reportage "in situ" donne la parole à ces employé(e)s anonymes du secteur tertiaire, qui évoquent, avec enthousiasme, humour ou amertume, leur travail et leur vie quotidienne dans les bureaux.
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Et pour résumer :
Rendez-vous le mardi 11 mars 2014, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour voir et revoir
La Vraie Vie (dans les bureaux)
de Jean-Louis Comolli
Proposition d'analyse
Biographie du réalisateur
Jean-Louis Comolli découvre le cinéma au ciné-club d’Alger de Barthélémy Amengual. Par la suite, son arrivée à Paris, et son entrée aux Cahiers du Cinéma en 1962 (où il restera jusqu'en 1978), le politisent. C’est sous sa direction (1966-1971) – comme il le raconte dans le documentaire À voir absolument (si possible) (2012) - que les Cahiers se gauchisent et s’ouvrent aux « vents du monde et de la pensée » : les cinémas nationaux (le cinéma brésilien), les cinémas politiques, les mouvements sociaux et de libération nationale, les nouveaux penseurs (Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Lacan...), et les autres arts. Comolli est en effet un amateur éclairé de jazz : il a régulièrement collaboré à Jazz Magazine, dirigé par un autre ancien du Ciné-club d'Alger, Philippe Carles, avec lequel il a écrit Free Jazz, Black Power (1971). Depuis son départ des Cahiers, il a continué d'écrire, prolixement, sur le cinéma, pour Trafic ou Images Documentaires, et a publié de magistraux essais semi-autobiographiques chez Verdier : Voir et Pouvoir en 2004, Cinéma contre spectacle en 2009 et Corps et cadre en 2012. Il a également enseigné à la Fémis et Paris VIII.
Si l'on excepte un premier documentaire remarquable sur les élections législatives à Asnières de juin 1968, co-réalisé avec André S. Labarthe, Les Deux Marseillaises, son travail de critique commence par mener Comolli à la fiction. Il y interroge l'engagement politique de gauche, comme dans La Cecilia (1976) ou L'ombre Rouge (1981). C'est seulement en 1987, avec le tournage de Tabarka, que Comolli "découvre enfin l’émotion majeure de filmer ses contemporains en documentaire, c’est-à-dire dans leur fiction et pas seulement dans la mienne" (Voir et Pouvoir). Il ne s'arrêtera plus : parmi une filmographie prolifique, on peut distinguer tout un pan de son œuvre consacrée à la politique (La Série Marseillaise (1989-2008), Tous pour un! (1988), L'affaire Sofri (2001), etc.) et en particulier au front national (Jeux de rôles à Carpentras (1998)), et un autre à la société humaine et en particulier au travail humain sous ses formes créatives comme aliénantes (Naissance d'un hôpital (1991), La Vraie Vie (dans les bureaux) (1993), etc.).