Bande-annonce de Monty Python's Life of Brian, de Terry Jones
Nous étions ravis de vous accueillir si nombreux la semaine dernière pour la première séance du cycle "humour britannique", avec Stephen Frears. N'hésitez pas à revenir mercredi 11 janvier, avec un film des Monty Python, qui nous conteront la Vie de Brian, moins connu que Sacré Graal et pourtant tout aussi drôle. Pour en savoir plus sur nos prochaines projections, nous vous invitons à télécharger notre guide des séances ! Et pour résumer :
Rendez-vous le mercredi 11 janvier, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Monty Python : la vie de Brian
(Monty Python's Life of Brian)
de Terry Jones
de Terry Jones
Pour continuer notre cycle « Humour britannique », nous nous délocalisons en Judée, en 33 après Jésus-Christ. Devenus cultes et connus de tous, ou presque, grâce à la parodie des légendes arthuriennes dans Holy Grail, les Monty Python racontent en 1979 la vie de l'injustement méconnu Brian. Comme à leur habitude, ils incarnent à eux six une quarantaine de personnages loufoques.
Voisin d'étable de Jésus, fils illégitime d'un centurion romain, vendeur d'organes de gladiateurs à la sauvette, membre incompris du Front du Peuple de Judée, prophète malgré lui, « very naughty boy » selon Mandy sa mère, Brian nous plonge dans une Judée délirante... mais peut-être pas tant que ça.
« A man called Brian »
Tout commence en l'an 0, lorsque les Rois mages venus adorer le Messie se trompent d'étable et entrent dans celle où Mandy vient de donner naissance à Brian. L'erreur est vite réparée, mais la vie de Brian est d'emblée placée sous les auspices de la confusion : tout le monde le prend pour ce qu'il n'est pas.
Anti-héros, toujours en train de fuir ou de se cacher, il est surtout le seul personnage doué de sens commun face à une mère tyrannique, des Romains stupides ou imbus d'eux-mêmes, des groupes indépendantistes juifs d'une rare inefficacité et une foule hystérique qui le considère à son grand désarroi comme le Messie.
« A man called Brian »
Tout commence en l'an 0, lorsque les Rois mages venus adorer le Messie se trompent d'étable et entrent dans celle où Mandy vient de donner naissance à Brian. L'erreur est vite réparée, mais la vie de Brian est d'emblée placée sous les auspices de la confusion : tout le monde le prend pour ce qu'il n'est pas.
Anti-héros, toujours en train de fuir ou de se cacher, il est surtout le seul personnage doué de sens commun face à une mère tyrannique, des Romains stupides ou imbus d'eux-mêmes, des groupes indépendantistes juifs d'une rare inefficacité et une foule hystérique qui le considère à son grand désarroi comme le Messie.
Le générique de début est déjà une perle, retraçant dans une chanson aux accents superhéroïques voire jamesbondesques la vie absolument banale de « ce garçon appelé Brian ».
Quant à la mythique – mais pas très réconfortante – chanson finale Always Look on the Bright Side of Life, avec son légendaire air sifflé, elle est écrite et chantée par Eric Idle ayant pris pour l'occasion l'accent cockney. Elle reprend pour les parodier les codes des chansons crypto-moralisatrices type Disney : la phrase « When you're chewing on life's gristle, / Don't grumble, give a whistle » rappelle le « Give a Little Whistle » de Pinocchio. Ironie cinglante alors que notre héros est promis à une mort lente et douloureuse. Les aléas de la vie ne tiennent à rien, c'est en substance le contenu de la chanson, et la vie de Brian, toujours là où il ne faut pas, l'illustre bien.
« Just remember that the last laugh is on you »
Tenter un florilège des meilleurs moments serait une vraie gageure, car chaque plan, chaque réplique sont cultes. Les Monty Python ne font pas les choses à moitié et parodient allègrement tous les genres avec un sens joyeux du blasphème. Des moments d'humour délicat, absurde ou bien loufoque et franchement barré alternent avec des jeux de mots d'une rare finesse, témoin la longue scène de torture intérieure des soldats romains tentant vainement de résister à une crise de fou rire en entendant le nom du centurion Biggus Dickus – « Grossus Bitus » en VF...
Au sommet du palmarès, le deus ex machina le plus improbable de l'histoire du cinéma : ou comment sauver le personnage principal en train de tomber d'une tour de plusieurs mètres de haut grâce à l'intervention d'un vaisseau extraterrestre pris dans une guerre intergalactique digne de Star Wars. Et j'en oublie ! Chacun trouvera son compte de moments cultes. N'oublions pas que l'ex Beatles George Harrison a fondé une société de production dans la seule intention que ce film puisse voir le jour, faisant dire aux Monty Python qu'il avait payé les billets de cinéma les plus chers de l'histoire...
Ces derniers taclent au passage l'imagerie d'Épinal du Nouveau Testament (auréole et compagnie), les films épiques bibliques des années 50 ou encore la caricature folklorique de la mère juive tyrannique (et, dans notre cas, pas vraiment aimante).
De l'art des motions.
La politique aussi en prend pour son grade avec l'accumulation des groupuscules indépendantistes juifs ; lesquels passent plus de temps à voter des motions pour s'attaquer les uns les autres et affirmer la nécessité d'agir contre l'envahisseur romain qu'à agir ? Les Front du Peuple de Judée, Front du Peuple Judaïque et autre Front Judaïque Populaire du Peuple font référence aux divers mouvements de libération, notamment palestiniens, qui fleurissent et s'affrontent entre sigles différents.
En outre, le talent de Reg, Judith, Stan/Loretta et les autres à pondre en toute occasion des motions brillant par leur vacuité n'est pas sans évoquer les groupes gauchistes occidentaux et l'activisme intellectualisant de certains milieux reprenant une phraséologie pseudo marxiste pour faire la leçon au monde entier sans quitter leur table.
Et Jésus dans tout ça ?
La figure de Jésus n'est pas visée directement par la satire des Monty Python. Si le titre Jesus Christ's Lust of Glory a été un moment donné en pâture aux journalistes qui leur demandaient, après Holy Grail, quel serait le sujet de leur prochain film, le personnage de Jésus comme héros a été bien vite abandonné au profit de celui de Brian. Les Monty Python affirmaient en effet ne pas réussir à trouver suffisamment de matière pour se moquer du Christ, qui avait fait « du bon boulot » selon leurs mots.
Jésus n'apparaît que deux fois : dans le prologue, dans une crèche digne des plus traditionnelles représentations chrétiennes avec lumière divine et grandes orgues, puis lors du sermon des Béatitudes auquel assistent Brian et sa mère. Contrairement à Ponce Pilate, seul autre personnage « historique », il est représenté avec un certain respect, digne et auréolé de lumière. Il est mentionné encore au cours du film par l'ex-lépreux guéri par Jésus qui se plaint d'avoir perdu sa source de revenus à cause de ce « maudit bienfaiteur ». Intéressant de voir comme les considérations économiques prennent le pas sur le message... Terry Jones disait qu'il ne s'agissait pas d'un film blasphématoire, parce qu'il ne prenait pas pour cible Jésus, Dieu ou la croyance, mais plutôt d'un film hérétique, parce qu'il s'attaquait au dogme et à l'interprétation de la croyance davantage qu'à la croyance elle-même.
Délire
interprétatif (tout est signe), fétichisme des reliques (les
partisans de la sainte sandale contre ceux de la gourde sacrée),
adoration moutonnière (les adeptes bêlant en chœur « Nous
sommes tous des individus ! Nous sommes tous différents ! »),
absurdité (« Seul le véritable Messie nie sa propre
divinité ! ») sont autant d'aspects qui n'attaquent pas tant
les croyants que les fanatiques sans esprit critique. Faisant preuve
d'une grande culture biblique, les Monty Python critiquent la
religion en tant qu'institution pervertissant le message véritable en
s'attachant davantage aux symboles plus ou moins légitimes qu'à la
parole.
Pas
si blasphématoire que ça, et même peut-être plus véritablement
évangélique que nature !
Odile