Bande annonce de L'Armée des 12 singes, de Terry Gilliam
Le ciné-club s'essaye à la science-fiction! Après Stalker de Tarkovski, nous confions cette fois les rênes à Terry Gilliam et son Armée des 12 singes pour nous dire de quoi le futur sera fait.
Nous sommes en l'an 2035. Les quelques milliers d'habitants qui restent sur notre planète sont contraints de vivre sous terre. La surface du globe est devenue inhabitable à la suite d'un virus ayant décimé 99% de la population. Les survivants mettent tous leurs espoirs dans un voyage à travers le temps pour découvrir les causes de la catastrophe et la prévenir. C'est James Cole, hanté depuis des années par une image incompréhensible, qui est désigné pour cette mission.
Et pour résumer:
Rendez-vous le mercredi 4 avril, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
L'Armée des 12 singes
de Terry Gilliam
Metropolis,
2001 Odyssée de l'espace,
Blade
Runner et
encore d'autres excellents films sont nourris des grands thèmes de
la science-fiction : dystopie urbaine et sociale, colonisation
spatiale, frontière entre humains et androïdes. Si ces films de
genre peuvent impressionner ou divertir par leurs « univers »
esthétisés, tout l'intérêt de la science-fiction est de pouvoir
représenter à l'écran des grandes questions sociales
(l'exploitation), philosophiques (une machine peut-elle penser ou
aimer ?), voire métaphysiques (le monolithe de 2001).
Ces thèmes classiques sont aussi le prétexte à des aventures
intérieures, l'invitation à une introspection des sentiments et de
la pensée.
Mais
le sujet par excellence de la science-fiction ne serait-il pas le
voyage dans le temps ? Avouons-le, quoi de plus délicieux qu'une
oeuvre qui nous présente un avenir que ses habitants rêvent de
déserter pour une époque passée ? Et que serait la
science-fiction sans ce sujet de conversation et de méditation
infinies qu'est le paradoxe temporel ?
Malgré un titre que vous ne manquerez pas de confondre avec une planète bien connue de la SF, l’Armée des douze singes est affaire de voyage temporel. En 1996, l'apocalypse a eu lieu. La surface de la planète a été ravagée par un virus si virulent que les quelques survivants n'ont pas eu d'autre choix que de se terrer sous la surface du globe. Et il ne fait pas bon vivre sous terre, encore moins pour Cole (Bruce Willis), criminel supposé et incarcéré dans de glauques prisons souterraines. Bonne nouvelle pour l'humanité : des scientifiques ont mis au point une machine à voyager dans le temps, qui devrait permettre d'empêcher la catastrophe de se produire. Mais, ironie du sort, les scientifiques ont recours au criminel Cole pour cette mission temporelle. En échange d'une grâce, il devra se soumettre aux voyages et donc en subir les séquelles, au nombre desquelles on compte les troubles de la mémoire, la perte de repères et donc, de la santé mentale.
Malgré un titre que vous ne manquerez pas de confondre avec une planète bien connue de la SF, l’Armée des douze singes est affaire de voyage temporel. En 1996, l'apocalypse a eu lieu. La surface de la planète a été ravagée par un virus si virulent que les quelques survivants n'ont pas eu d'autre choix que de se terrer sous la surface du globe. Et il ne fait pas bon vivre sous terre, encore moins pour Cole (Bruce Willis), criminel supposé et incarcéré dans de glauques prisons souterraines. Bonne nouvelle pour l'humanité : des scientifiques ont mis au point une machine à voyager dans le temps, qui devrait permettre d'empêcher la catastrophe de se produire. Mais, ironie du sort, les scientifiques ont recours au criminel Cole pour cette mission temporelle. En échange d'une grâce, il devra se soumettre aux voyages et donc en subir les séquelles, au nombre desquelles on compte les troubles de la mémoire, la perte de repères et donc, de la santé mentale.
L'avenir
serait-il de nature à vous donner la nostalgie du présent par
anticipation ? Au contraire. Terry Gilliam ne dépeint pas les
années 1990 comme un Éden perdu qu'il faudrait regagner à tout
prix. « Oh,
wouldn't it be great if I was
crazy? Then the world would be okay », dit Cole. À peine
arrivé dans son passé, ce dernier est envoyé dans un asile pour
fous, où il fait la connaissance de Jeffrey Goines, interprété par
Brad Pitt, dans un de ses meilleurs rôles. Toujours entre paranoïa
et lucidité, Jeffrey observe et décrie une société qui l'a
enfermé et privé de toute crédibilité. Entre la folie malsaine de
l'asile, qui semble contaminer toutes les années 1990, la folie des
scientifiques qui le manipulent et sa propre folie, Cole marche
toujours sur le fil du rasoir pour aller... aller où, au fait ? Le
mot « fin » n'a-t-il pas perdu tout son sens au moment où
Cole a été envoyé dans le passé ?
Les
thèmes qui animent L'Armée
des douze singes
sont véritablement nombreux, et le spectateur sent que Terry Gilliam
prend un plaisir fou à réaliser ses films de science-fiction —
dix ans auparavant, il a déjà réalisé Brazil,
d'après
1984.
Le voyage dans le temps est en effet un formidable moyen pour
transformer toutes les règles du thriller.
Cole mène une course contre la montre dans un univers où la
chronologie se disloque nécessairement, et parfois s'enroule sur
elle-même. C'est aussi une course poursuite pour échapper à des
poursuivants du futur, qui savent donc déjà ce qu'il va faire avant
qu'il le sache lui-même. Le voyage dans le temps est donc une façon
de poser la question du déterminisme. Plutôt que de nous libérer,
voyager dans le passé n'est-il pas la meilleure façon de créer un
destin auquel on s'enchaîne volontairement ? Tout cela se traduit
évidemment par la multiplication des twists,
jusqu'au dénouement qui reste un des modèles du genre.
Je
dis « modèle », mais de fait Gilliam brode sur le
canevas de deux grands films : La
Jetée,
du photographe Chris Marker, et Vertigo,
d'Alfred Hitchcock. Le court métrage de Marker est un chef d'oeuvre,
qui appartient autant à la science-fiction qu'au cinéma, ou à la
photographie. Succession de superbes clichés en noir et blanc, avec
musique et narrateur en voix off, le principe fondateur de La
Jetée
est repris à l'identique dans L'Armée
des douze singes,
dont les producteurs ont acheté les droits du film de Marker. Ce
dernier avait surtout exploré les thèmes du souvenir, de l'amour
dans une atmosphère envoûtante. Gilliam, lui, s'est engagé dans
une production à gros budget, et cherche avant tout l'efficacité
dans le thriller.
Il n'empêche que L'Armée
des douze singes a
hérité de La
Jetée
ce tour de force narratif, devenu depuis un symbole de la
science-fiction et du paradoxe temporel.
Outre
le questionnement sur la différence entre raison et folie, c'est la
mémoire et son altération par le temps qui est au centre du film.
Le rôle du cinéma dans ce processus est explicitement abordé par
Gilliam, dans la dernière partie du film, lorsque Cole se réfugie
dans une salle de cinéma qui diffuse... Vertigo.
En compagnie de Kathryn (Madeleine Stowe), Cole déclare :
« It's just like what's happening with us, like the past. The
movie never changes. It can't change; but every time you see it, it
seems different because you're different. You see different things ».
Et
bien sûr, il y a ce rêve, qui obnubile l'esprit de Cole au point
qu'il ne sait plus s'il s'agit d'un songe ou d'un souvenir. Le
mystère du film et la clé de l'intrigue de La
Jetée
comme de L'Armée
des douze singes
sont contenus dans cette vision récurrente et changeante. Est-ce une
altération d'un souvenir d'enfance ? Est-ce un rêve
prémonitoire ? Ou bien un souvenir du futur ?
Gabriel