Rendez-vous le mercredi 14 décembre, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Princess Bride
de Rob Reiner
Petit jeu : "regarde bien le titre de l'affiche. Ne vois-tu rien de remarquable ?"
Merci Chloé pour le synopsis !
Merci Chloé pour le synopsis !
Cloué
au lit par la grippe, un petit garçon est condamné à écouter les
conseils de sa mère et même de subir un grand-père rabat-joie :
et voilà en plus que son grand-père se met en tête de lire à
haute voix un conte merveilleux avec « une histoire où on
s'embrasse ». Alors que c'est à contre cœur
qu'il avait commencé à écouter l'histoire de la belle Bouton d'Or,
il va finir par être conquis par ce conte...
Un
conte merveilleux revisité.
Les
années 1980 sont riches en films de fantaisie devenus cultes, avec
Dark Crystal de Jim Henson, L’Histoire
sans fin de Wolfgang Petersen, Legend de Ridley Scott, …
Princess Bride sort tout particulièrement
du lot, par la grande maîtrise de Rob Reiner en ce qui concerne
l'adaptation au cinéma du conte de William Goldman. Le coup de génie
de Reiner sur Princess
Bride est de raconter un
conte de fées sans tomber dans une fade mièvrerie, s'adressant à
un large public, tous âges confondus.
C’est
donc avec forces renvois vers l’univers des films de capes et
d’épées de l’âge d’or d’Hollywood que Reiner construit son
film. Chaque personnage forme une figure-type, avec son objectif
ultime, sa force et sa faiblesse.
Cependant,
ni le réalisateur, ni les acteurs ne sont dupes de ces références :
Rob Reiner ne tente pas de nous éblouir par des prouesses
techniques, et des décors de carton-pâte suffisent à créer les
coulisses de l'action. Les acteurs jouent avec la conscience parfaite
du caractère parodique de leurs rôles, et les commentaires du
narrateur ou les critiques du garçon nous ramènent sans cesse à la
réalité, comme des tentatives – manquées – pour briser la
rêverie. Et c'est justement cette manière qu'il a de traiter avec
ironie et modestie un conte traditionnel qui fait toute la réussite
de son œuvre.
De
l'amour, de l'action, de la fantaisie et beaucoup d'humour.
L'histoire
que nous lit le grand père reprend les grands motifs des contes :
au Moyen-Age, dans le pays imaginaire de Florin, la belle Bouton d'Or
se languit après le départ de son bien-aimé Westley, parti
chercher fortune et qu'elle croit mort, tué par le terrible pirate
Roberts. Cinq ans plus tard, elle accepte d'épouser le prince
Humperdinck pour qui elle n'éprouve aucun amour. Mais peu avant son
mariage, elle est enlevée par trois bandits et entraînée dans une
aventure mouvementée, une course poursuite au cours de laquelle elle
retrouvera sa raison de vivre...
Une
histoire plutôt simple et classique, me direz vous : mais le
film est une suite de situations rocambolesques et héroïques
parsemée de citations devenues cultes. L'action est menée par des
personnages aussi « inconcevables » que divers :
une simple fermière transformée en belle princesse, enlevée par un
tout petit Sicilien mesquin, un géant à la force tranquille et un
espagnol maître dans l'art de l'escrime qui cherche à venger son
père, assassiné par un « homme à six doigts » ;
un mystérieux homme en noir, un prince plein de fourberie, et un
conseiller sadique ; mais aussi un couple de sorciers, un
inquiétant serviteur albinos et d'horribles monstres.
Au
cours des différentes péripéties, l'homme en noir devra escalader
les falaises de la démence, combattre tour à tour le géant et le
maître d'escrime, et user de malice face au petit Sicilien ;
traverser une forêt hantée par les « RTI » et parsemée
de sables mouvants : « Et tout ça dans les deux premiers
chapitres », précise le grand-père.
L'humour
est omniprésent dans le film : par des situations plus
farfelues les unes que les autres, des personnages qui semblent
quelque peu détachés dans leur appréhension des événements, mais
surtout par l'important recueil de répliques cultes que Rob Reiner
nous livre là et que les personnages répètent – la sentence de
vengeance qu'Inigo a préparée toute sa vie : « Yé
m'appelle Inigo Montoya, tou as toué mon père, prrépare-toi à
mourrrir » – se citant même les uns des autres : par
exemple, le fameux « As you wish » / « Comme vous
voudrez » que l'on retrouve tout au long du film, et même dans
la bouche du grand-père amusé devant l'enthousiasme de son
petit-fils.
The
Princess Bride combine
ainsi la comédie, l'aventure, l'histoire d'amour (« l'une des
trois plus grandes vraies histoires d'amour », d'après le
grand-père), et le fantastique. C'est aussi une histoire d'amitiés
et de confiance, qui montre que les méchants ne sont pas toujours
ceux que l'on croit. La formule conte de fées / humour connaîtra
d'ailleurs un succès renouvelé au cinéma, étant la formule
reprise – cela dit en passant – par Shrek, et
l'on peut notamment voir dans cet ogre vert un écho de notre bon
géant.
Le
pouvoir enchanteur du conte.
Enfin,
il ne faut pas oublier que The
Princess Bride est d'abord un roman de fantaisie écrit
par William Goldman (paru en 1973), ce que Rob Reiner ne perd pas de
vue en l'adaptant au grand écran. La
prouesse de Rob Reiner est de s'approprier le conte tout en gardant
l'essence que son auteur lui avait donnée, en
introduisant le thème de la lecture. L'histoire est présentée dans
le film comme un livre qu'un grand père (Peter Falk et sa voix
chaleureuse) lit à son petit-fils malade, perpétuant ainsi le style
d'un roman narratif : le film est ainsi souvent interrompu ou
coupé par les scènes de lecture, que ce soit la réaction du garçon
ou les commentaires du grand-père. William Goldman lui-même avait
adapté l'œuvre
de S. Morgenstern, afin de supprimer les longueurs et retrouver la
vivacité du conte que son père lui lisait lorsqu'il était malade.
Ainsi,
The Princess Bride commence sur les images du jeu vidéo
Hardball : Rob Reiner désigne l’ennemi de front dès
le départ – la civilisation pré-adolescente du jeu vidéo. Et à
la fin, comme dans tout bon conte, les gentils gagnent, et la magie
du cinéma et du conte triomphe des émotions factices du jeu vidéo.
Princess
Bride est, finalement, un grand film nostalgique :
nostalgique de l’époque où le rapport entre le spectateur et
l’écran était plus qu’une simple relation commerciale, où l’on
pouvait se permettre de croire à ce qui était projeté. Rob Reiner
et ses personnages nous ont entraîné dans une rêverie sans cesse
renouvelée, même vingt ans après le premier visionnage :
aujourd'hui encore et une fois de plus, le pouvoir enchanteur de ce
film culte va emporter ses spectateurs.
Chloé