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Gloria, de Cassavetes (mercredi 27 septembre 2011)



Après deux films inclus dans un cycle thématique autour de l'enfance, voici Gloria de John Cassavetes. Pour en savoir plus sur nos prochaines séances, nous vous invitons à télécharger notre guide des séances ! Et pour résumer :

Rendez-vous le mercredi 27 octobre, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Gloria
de John Cassavetes

Plongée dans la violence de la mafia new-yorkaise : la première scène du film débouche sur le massacre d'une famille entière, dont le père projetait de trahir la mafia en livrant à la CIA un carnet rempli d'informations. Seul en réchappe le petit dernier, Phil, qui a été confié juste à temps, avec le carnet compromettant, à sa voisine de palier, Gloria. Mais cette femme de caractère au passé embrouillé et aux mœurs faciles, a tôt fait de comprendre la menace qui pèse sur le rescapé, que traqueront certainement les gangsters. Elle accepte alors de renoncer au confort de sa maison et s'échappe avec lui. La caméra les accompagne dans leur fuite en avant, course contre le temps, qu'éternise cependant la naissance d'une vraie affection entre les deux protagonistes. Une solution semble pouvoir les faire sortir de l'impasse : jouant de ses propres relations avec la mafia, Gloria pourrait restituer le carnet, et garder l'enfant...




Cauchemar
 
Dans l'épopée de Phil et de Gloria, les méchants sont presque imaginaires, désin-carnés, ils apparaissent partout et surgissent de nulle part. Tout au long du film, le passant, le voisin de table, le passager de bus le plus innocent se révèle le plus terrible des gangsters, et Gloria elle-même, passe du statut d'innocente quinquagénaire à celui de complice des mafieux, lorsque Phil découvre qu'elle connaît en réalité ses poursuivants. C'est le cauchemar de l'enfant : privé de famille, livré à lui-même, il est privé de barrière et de repère, tout se confond pour lui dans une même adversité. Le monde réel n'est plus qu'étranger, donc hostile et poten-tiellement agressif. Certes, pour être au monde, l'enfant tente de se faire lui-même violent, il veut devenir adulte sur-le-champ, afin d'être à lui tout seul le protecteur et le protégé (c'est ainsi qu'il tente de séduire Gloria, ou d'affirmer son indépendance en refusant de se conformer à ses plans). En vain : il ne trouve le repos que sous l'aile de Gloria, à laquelle il s'abandonne petit à petit, et qui le tire de toutes les situations, lui ouvre la route. Gloria est son deus ex machina, elle est ce rempart à l'abri duquel l'enfant peut s'isoler de l'incompréhension extérieure, et élaborer sa personnalité.

On a pu d'ailleurs reprocher à Cassavetes dans ce film le rocambolesque de certains dénouements, et la passivité des bandits qu'une femme seule parvient à peu près toujours à maîtriser ; mais c'est que l'histoire est une histoire d'enfant, que tout y est symbole, projection de l'esprit, superposition du monde affectif intérieur et du monde extérieur. Et en fin de compte, dans la dernière scène du film, c'est même le désir de l'enfant qui vainc la réalité : l'amour que l'enfant éprouve pour Gloria envahit tout son environnement, sa vie intérieure déborde.

Joseph