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Princess Bride, de Rob Reiner (mercredi 14 décembre 2011)



 
Séance de Noël au ciné-club de l'ENS ! Avant de commencer l'année 2012 en beauté avec un cycle consacré à l'humour britannique, et pour célébrer à notre manière l'arrivée des vacances, nous projetons Princess Bride de Rob Reiner, film "culte" pour beaucoup et, on l'espère, bientôt pour tous les autres — qu'on peut donc appeler pour le moment les "incultes". Pour en savoir plus sur nos prochaines projections, nous vous invitons à télécharger notre guide des séances ! Et pour résumer :

Rendez-vous le mercredi 14 décembre, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Princess Bride
de Rob Reiner



Princess Bride, de Rob Reiner au ciné-club de l'ENS
Petit jeu : "regarde bien le titre de l'affiche. Ne vois-tu rien de remarquable ?"


Merci Chloé pour le synopsis !



Cloué au lit par la grippe, un petit garçon est condamné à écouter les conseils de sa mère et même de subir un grand-père rabat-joie : et voilà en plus que son grand-père se met en tête de lire à haute voix un conte merveilleux avec « une histoire où on s'embrasse ». Alors que c'est à contre cœur qu'il avait commencé à écouter l'histoire de la belle Bouton d'Or, il va finir par être conquis par ce conte...



Un conte merveilleux revisité.



Les années 1980 sont riches en films de fantaisie devenus cultes, avec Dark Crystal de Jim Henson, L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen, Legend de Ridley Scott, … Princess Bride sort tout particulièrement du lot, par la grande maîtrise de Rob Reiner en ce qui concerne l'adaptation au cinéma du conte de William Goldman. Le coup de génie de Reiner sur Princess Bride est de raconter un conte de fées sans tomber dans une fade mièvrerie, s'adressant à un large public, tous âges confondus.



C’est donc avec forces renvois vers l’univers des films de capes et d’épées de l’âge d’or d’Hollywood que Reiner construit son film. Chaque personnage forme une figure-type, avec son objectif ultime, sa force et sa faiblesse. 
 

Cependant, ni le réalisateur, ni les acteurs ne sont dupes de ces références : Rob Reiner ne tente pas de nous éblouir par des prouesses techniques, et des décors de carton-pâte suffisent à créer les coulisses de l'action. Les acteurs jouent avec la conscience parfaite du caractère parodique de leurs rôles, et les commentaires du narrateur ou les critiques du garçon nous ramènent sans cesse à la réalité, comme des tentatives – manquées – pour briser la rêverie. Et c'est justement cette manière qu'il a de traiter avec ironie et modestie un conte traditionnel qui fait toute la réussite de son œuvre.




De l'amour, de l'action, de la fantaisie et beaucoup d'humour.



L'histoire que nous lit le grand père reprend les grands motifs des contes : au Moyen-Age, dans le pays imaginaire de Florin, la belle Bouton d'Or se languit après le départ de son bien-aimé Westley, parti chercher fortune et qu'elle croit mort, tué par le terrible pirate Roberts. Cinq ans plus tard, elle accepte d'épouser le prince Humperdinck pour qui elle n'éprouve aucun amour. Mais peu avant son mariage, elle est enlevée par trois bandits et entraînée dans une aventure mouvementée, une course poursuite au cours de laquelle elle retrouvera sa raison de vivre... 
 


Une histoire plutôt simple et classique, me direz vous : mais le film est une suite de situations rocambolesques et héroïques parsemée de citations devenues cultes. L'action est menée par des personnages aussi « inconcevables » que divers : une simple fermière transformée en belle princesse, enlevée par un tout petit Sicilien mesquin, un géant à la force tranquille et un espagnol maître dans l'art de l'escrime qui cherche à venger son père, assassiné par un « homme à six doigts » ; un mystérieux homme en noir, un prince plein de fourberie, et un conseiller sadique ; mais aussi un couple de sorciers, un inquiétant serviteur albinos et d'horribles monstres. 
 


Au cours des différentes péripéties, l'homme en noir devra escalader les falaises de la démence, combattre tour à tour le géant et le maître d'escrime, et user de malice face au petit Sicilien ; traverser une forêt hantée par les « RTI » et parsemée de sables mouvants : «  Et tout ça dans les deux premiers chapitres », précise le grand-père.



L'humour est omniprésent dans le film : par des situations plus farfelues les unes que les autres, des personnages qui semblent quelque peu détachés dans leur appréhension des événements, mais surtout par l'important recueil de répliques cultes que Rob Reiner nous livre là et que les personnages répètent – la sentence de vengeance qu'Inigo a préparée toute sa vie : « Yé m'appelle Inigo Montoya, tou as toué mon père, prrépare-toi à mourrrir » – se citant même les uns des autres : par exemple, le fameux « As you wish » / « Comme vous voudrez » que l'on retrouve tout au long du film, et même dans la bouche du grand-père amusé devant l'enthousiasme de son petit-fils.




The Princess Bride combine ainsi la comédie, l'aventure, l'histoire d'amour (« l'une des trois plus grandes vraies histoires d'amour », d'après le grand-père), et le fantastique. C'est aussi une histoire d'amitiés et de confiance, qui montre que les méchants ne sont pas toujours ceux que l'on croit. La formule conte de fées / humour connaîtra d'ailleurs un succès renouvelé au cinéma, étant la formule reprise – cela dit en passant – par Shrek, et l'on peut notamment voir dans cet ogre vert un écho de notre bon géant.



Le pouvoir enchanteur du conte.



Enfin, il ne faut pas oublier que The Princess Bride est d'abord un roman de fantaisie écrit par William Goldman (paru en 1973), ce que Rob Reiner ne perd pas de vue en l'adaptant au grand écran. La prouesse de Rob Reiner est de s'approprier le conte tout en gardant l'essence que son auteur lui avait donnée, en introduisant le thème de la lecture. L'histoire est présentée dans le film comme un livre qu'un grand père (Peter Falk et sa voix chaleureuse) lit à son petit-fils malade, perpétuant ainsi le style d'un roman narratif : le film est ainsi souvent interrompu ou coupé par les scènes de lecture, que ce soit la réaction du garçon ou les commentaires du grand-père. William Goldman lui-même avait adapté l'œuvre de S. Morgenstern, afin de supprimer les longueurs et retrouver la vivacité du conte que son père lui lisait lorsqu'il était malade.


Ainsi, The Princess Bride commence sur les images du jeu vidéo Hardball : Rob Reiner désigne l’ennemi de front dès le départ – la civilisation pré-adolescente du jeu vidéo. Et à la fin, comme dans tout bon conte, les gentils gagnent, et la magie du cinéma et du conte triomphe des émotions factices du jeu vidéo.


Princess Bride est, finalement, un grand film nostalgique : nostalgique de l’époque où le rapport entre le spectateur et l’écran était plus qu’une simple relation commerciale, où l’on pouvait se permettre de croire à ce qui était projeté. Rob Reiner et ses personnages nous ont entraîné dans une rêverie sans cesse renouvelée, même vingt ans après le premier visionnage : aujourd'hui encore et une fois de plus, le pouvoir enchanteur de ce film culte va emporter ses spectateurs.

Chloé